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Stupéfiants records dans les Pyrénées


23/07/2003 - Libération - Antoine VAYER

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C'est sûrement la moyenne horaire historique de la première étape pyrénéenne de 198 kilomètres à 37,45 km/h qui a fait échouer Ullrich à 13 secondes du record de Laiseka, au final du plateau de Bonascre. Le lendemain, sur six cols, l'Allemand pédale encore allégrement le cul vissé sur sa selle à 34,62 km/h derrière Virenque. Une force phénoménale pour celui qui est un des derniers purs produits d'ex-Allemagne de l'Est. «Biologique», disait Richard son dauphin en 1997. (...)

Faisons aussi les comptes après la victoire d'Armstrong dans le troisième volet du triptyque sur les hauteurs de Luz Ardiden à plus de 35 km/h de moyenne. Il reste une étape de montagne, un contre-la-montre et trois étapes de plat avant Paris. Nous prédisons au bas mot une moyenne générale à 40,65 km/h pour le Tour du centenaire. Soit près de 0,5 km/h de plus que le record de l'épreuve. (...)

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On mettait sur le compte de ces moyennes inconnues le fait qu'aucun record n'ait pu être battu dans les Alpes. C'était pour rire, les coureurs s'y reposaient. Avec les mêmes vitesses constantes dans les massifs jouxtant l'Espagne, terre promise, nos guerriers ont fait «péter» les temps des cols mythiques de Peyresourde, du Tourmalet et de la montée de Luz. Rien que cela. Vinokourov et Mayo, en 31' 10" à plus de 24 km/h sur une pente à 7 %, ont battu de plus de 3' le meilleur temps de Livingstone sur Peyresourde. Livingstone, c'est cet autre Américain prématurément disparu du circuit, comme tant d'autres comètes, ex-équipier de Lance.

Le Tourmalet, la montée biblique, a eu aussi sa dose. Sept secondes de mieux pour un nouveau record en 39' 43" par Ullrich, Armstrong, Mayo et Zubeldia. Avant, c'était 39' 50" par Pantani, le plus rapide grimpeur des années 1994-1998 et du siècle, lors d'une étape au coût énergétique équivalent. Ce dernier sort d'un récent séjour en hôpital psychiatrique, tout comme Jimenez, son alter ego espagnol qui détient, lui, presque tous les records de la péninsule ibérique.

Le «boss» Armstrong, la star du catch américain à vélo, n'est pas en reste. Il explose la montée de Luz Ardiden de 1' 47" malgré une chute (même pas mal !) et un déchaussement de pédale. Mais dans son sillage, sept coureurs sont allés plus vite que Laiseka et Indurain, les ex-meilleurs performeurs. Même Pantani au temps de sa splendeur oxygénée aurait fini à 2' 24" dans une étape équivalente. (...)

(...) On mesure aisément et précisément les puissances du pédalage en watts, l'unité de valeur (les «chevaux» du moteur). Si on rapporte ces mesures à un cycliste étalon de 70 kg, Vinokourov et Mayo, avec 445 watts, ont développé en fin d'étape à Peyresourde l'équivalent de la puissance qui lui aurait permis de rouler à 54 km/h sur du plat dans un long contre-la-montre par vent nul. Performance exceptionnelle typique des années folles, tout juste dépassée par Armstrong, Riis, Indurain, Pantani dans leurs meilleurs jours.

Mais le niveau d'ensemble de la puissance de ceux qui suivent immédiatement (soit une quinzaine de coureurs) est aussi extrêmement élevé. Et c'est nouveau. Pour des exploits de groupe par comparaison supérieurs aux meilleures ascensions de L'Alpe-d'Huez en 1995 et 1997.

Armstrong va mieux qu'en 2002. Il programme ses étapes. Théoriquement, il est impossible sans jouer à l'imbécile d'avoir une telle différence de rendement entre son dernier contre-la-montre à Cap Découverte et sa montée de Luz. D'ici que, juste pour le «fun», il ne remporte le Tour qu'avec 7'' d'avance rien que pour embêter Fignon et ménager le suspense... A 30 ans, Vinokourov est aussi épatant de progression en watts. Ullrich, sans faire d'exploits infernaux comme à Arcalis en 1997, est bien au niveau de son sacre d'antan. Moreau, le meilleur Français, pousse allègrement sur les pédales 80 watts de plus que pendant sa période Festina.

Il n'y a plus de «cas isolé». En 2002, seul Lance avait développé en montagne une puissance moyenne au-dessus de 415. Cette année, ils sont six, les six premiers du classement général, qui développent une puissance située entre 416 et 423 watts en moyenne. Du jamais vu. Pour terminer à la dixième place du Tour en 2003, il faut développer en montagne une puissance moyenne de 400 watts. Une valeur qui était largement suffisante pour gagner le Tour jusqu'en 1992-1993. Alors que l'EPO était déjà là chez certains.

Les cinq meilleurs Français au classement général sont placés entre la 8e et la 32e place. Ils ont 33,5 ans de moyenne d'âge et sont tous issus de la Dream Team Festina de 1997. Entre eux, il y a les poissons pilotes d'Ullrich, Plaza (21e) et Garcia Casas (22e) et aussi Dufaux (20e), issus de la même génération et de la même célèbre équipe andorrane.(...)

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