Actualité du dopage



Le « gregario » Alessio Galletti est mort en course

17/06/2005 - Le Monde

Extraits

(...)Alessio Galletti, 37 ans, est mort, mercredi 15 juin, lors de la course de côtes Subida al Naranco, dans le nord de l'Espagne. Le coureur de l'équipe Naturino-Sapore avait posé pied à terre dans l'ascension de l'avant-dernier col (...) à 15 kilomètres de l'arrivée, sous une chaleur de plomb. « Je suis mal, je ne peux plus respirer », aurait alors dit dans un dernier soupir l'Italien avant de s'effondrer (...). Les secours seraient arrivés 35 à 40 minutes plus tard, ne pouvant que constater le décès du coureur

D'après les premiers éléments communiqués par le médecin de l'épreuve, Alessio Galetti a été victime d'un arrêt cardio-respiratoire. (...)

(...) Ignoré du grand public, il était en revanche connu des services de police dans son pays. En août 2000, la brigade des finances de Padoue avait retrouvé des produits dopants à son domicile de Cascina, en Toscane. « Dans son frigo, nous avions mis la main sur une fiole d'Eprex -EPO- et une boîte vide d'Andriol -testostérone-, rappelle un enquêteur. (...)» La justice sportive italienne l'avait alors suspendu pour quatre courses.

Depuis, Alessio Galletti était devenu l'un des équipiers préférés de Mario Cipollini, dont il emmena les sprints (...) 2004. Le 26 mai 2004, il est à nouveau rattrapé par les affaires. La brigade des stupéfiants de Florence (les NAS) perquisitionne sa chambre à Brunico, sur le Tour d'Italie, et son domicile en Toscane. Le résultat de la perquisition est négatif, mais le parquet de Rome le met en examen sur la base d'écoutes téléphoniques.

Cette procédure a valu au coureur d'être exclu de Domina Vacanze juste avant le Tour de France 2004. Les NAS le soupçonnent d'appartenir à une organisation clandestine qui effectue des transfusions sanguines aux coureurs avec du matériel médical volé en milieu hospitalier.

Galletti fréquentait ainsi un certain Maurizio Balestri, arrêté par les carabiniers le 10 juin 2004 pour trafic de substances dopantes. Le 14 avril 2004, Galletti appelle Maurizio Balestri et lui demande quand il doit venir « pour faire réviser la voiture ». Dans leur rapport, les carabiniers précisent que cette expression est utilisée pour évoquer des transfusions sanguines, au même titre que « changer l'huile », ou (...) « préparer la tarte ». Les poches de sang, elles, sont toujours baptisées « les enveloppes ».

Alessio Galletti était également en contact avec deux infirmiers de l'hôpital Santa Chiara de Pise, également mis en examen : Alessandro Orsetti et Gabriele Brini. Le 27 février, l'équipier de Mario Cipollini utilise une autre expression codée en téléphonant à Alessandro Orsetti : « Alessandro, j'ai besoin des roues à dix rayons pour faire le contre-la-montre... » Son interlocuteur assure qu'il les a chez lui. Il n'existe aucune roue à dix rayons sur le marché. Dans leur rapport, les enquêteurs précisent que « dix est probablement une indication sur le dosage des produits, 10 000 unités d'EPO, par exemple ».

Le 5 mars 2004, Alessio Galletti téléphone de nouveau à Alessandro Orsetti et lui demande : « On fait ça avant ou après le repas ? » « Prends tout le nécessaire et viens vers neuf heures », lui répond l'infirmier. « Tu as besoin du truc long ? », relance Galletti. « Non, cela ne sera pas utile. » Le rendez-vous est fixé chez une tierce personne, un certain Attilio : « Prépare quatre sacs pour les déchets », recommande Alessandro Orsetti à son collègue infirmier dans un SMS intercepté.

Les carabiniers ont saisi les sacs poubelle en question et photographié les kits utilisés. « Ce sont ceux du Laboratorios Grifols S.A. de Barcelone, formés de trois poches reliées par des petits tubes, une pour la conservation du sang humain, une pour la conservation des plaquettes et une contenant 100 ml de mannitol pour la conservation des globules rouges », rapporte les NAS, qui précisent que les kits sont identiques à ceux utilisés par l'hôpital de Pise.

Les carabiniers ont acquis la conviction qu'Alessio Galletti se livrait à un trafic de produits interdits pour de nombreux coureurs. Le 4 mai 2004, le coureur téléphone à son équipier Mario Scirea : « J'ai acheté une valise entière des choses du docteur, il m'en restait d'avant aussi... tant qu'on peut, on utilise celles-là puis quand elles seront terminées on utilisera les autres. J'en ai une tonne, tu comprends ? Oh, j'ai déjà un trolley rempli tu comprends ? » Mario Scirea, aujourd'hui directeur sportif chez Liquigas, lui répond : « Dimanche et lundi, nous serons en Toscane et nous nous mettrons d'accord après avoir compté le tout. » Le lendemain, Alessio Galletti ! contacte Mario Cipollini, qui lui demande : « Où tu te trouves ? » Les deux coureurs conviennent de se retrouver « après ».

Le 6 mai, Alessio Galletti est à Gênes, où doit être donné le départ du Giro 2004. De sa chambre d'hôtel, il téléphone à son épouse juste après s'être soumis au contrôle antidopage préventif de l'UCI : « Cette année, ils ont introduit le protocole australien -la méthode de dépistage des transfusions sanguines a été mise au point par des chercheurs australiens-. Espérons que tout se passera bien, mais ce n'est pas certain... ! »

(...)


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Cette page a été mise en ligne le 11/12/2005