Actualité du dopage

Séisme dans le peloton guadeloupéen : un vaste réseau de produits dopants dévoilé


24/05/2016 - francetvinfo.fr - D. Marius, Ch. Dragin, S. Gilles, P. Robert et Y. Yacou


Après les révélations exclusives dévoilées, en radio, dans le journal de 13 heures, voici les éléments les plus importants de ce rapport choc rendu par l'Agence Française de lutte contre le Dopage. Conclusion : un vaste réseau et un trafic bien implanté sur le sol guadeloupéen.

Le rapport dévoilé est celui de Damien Ressiot, daté du 29 avril 2016, et adressé au Procureur de la République. Damien Ressiot, Directeur du Département des contrôles est une référence de l'anti-dopage mondial. (...)

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Dans ce rapport de l'A.F.L.D. (...), il est fait état de "7 échantillons sanguins et urinaires prélevés(pour 99 partants), ont abouti à des résultats anormaux, dont 5 à des substances non spécifiées, soit un taux de positivité record (16,6%) par rapport à la moyenne nationale (comprise entre 1 et 2%)", suite au contrôle anti-dopage massif effectué à Deshaies, le 26 mars, à l'occasion de la dernière étape du Grand Prix de la CANBT.

Par ailleurs, le "premier cas positif sur le territoire français à l'hormone de croissance" a été détecté.

Des informations accueillies par Philibert Moueza avec beaucoup d'étonnement. Pour le Président du comité régional de cyclisme de la Guadeloupe, ce problème est l'affaire de tous. Il est interrogé par Peggy Robert et Daniel Marius.

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Le rapport révèle 7 noms de coureurs et les substances consommées :

- Fendley BOYEAU, né le 11/12/1992 Heptaminol (stimulant)

- Jonathan CAMARGO MENDOZA, né le 31/07/1988 EPO (CERA)

- Johan DARTRON, né le 21/11/1986 EPO (CERA), Hormone de croissance

- Jonathan LOUIS, né le 15/03/1989 EPO (CERA)

- Adam Josef PIERZGA, né le 14/11/1984 EPO (CERA), Methylhexanamine (stimulant)

- Jean-Marie POYO, né le 11/01/1991 EPO

- Luis SABLON, né le 30/08/1986 Prednisole, Prednisolone (Corticoïdes)

Jonathan Louis et Jean-Marie Poyo, récidivistes, sont, en plus d'être des consommateurs, sont aussi fournisseurs. Leur stock était régulièrement alimenté par deux infirmière slibérales. Johan Dartron, lui, c'est carrément l'EPO, et l'hormone de croissance.

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Le rapport cite Fabrice Gène (Directeur sportif du Vélo Club de Grand-Case), "déjà soupçonné lors de différentes affaires judiciarisées de trafic, il a toujours été protégé par les coureurs mais poursuivrait ses activités d'approvisionnement, principalement aux coureurs émargeant dans son club". Autre personne soupçonnée de se livrer à un trafic, Olivier Céphise, l'un des dirigeants de la J.C.A. pour qui le rapport énonce que les éléments à son encontre "sont susceptibles de constituer des infractions pénales au sens des articles L. 232-26 du Code du sport relatifs à l'importation de substances ou méthodes interdites aux fins d'usage par un sportif sans justification médicale, d'offre ou cession à un sportif sans justification médicale de substance ou méthode interdites dans le cadre d'une compétition. Ils sont également susceptibles de constituer une infraction douanière au sens de l'article 323 S1 du Code des douanes".

Le rapport informe également le Procureur de la République de la présence dans cette affaire d'un Colombien dénommé Robayo. Salarié à la fédération colombienne, il serait l'un des fournisseurs les plus actifs sur le marché guadeloupéen.

Le Président du CRCG se dit dépassé par ce phénomène de dopage.

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Cette enquête a été réalisée dans le plus grand secret, notamment en raison des risques de fuite. "La spécificité îlienne de la Guadeloupe rend toute opération de contrôle antidopage inopiné très aléatoire, tant les risques de fuite sont importants. Le 26 mars 2016, les quatre préleveurs missionnés par l'AFLD et moi-même, sommes arrivés très discrètement sur les lieux de la compétition. Billets d'avion nominatifs, location de véhicule et hébergement sous des noms d'emprunts, acheminement du matériel nécessaire trois semaines avant l'opération, au domicile d'un particulier guadeloupéen le dispositif logistique a tenu compte de ces spécificités".

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Des découvertes ont donc été faites durant l'enquête malgré les astuces utilisées par certains coureurs pour se soustraire ou fausser les résultats des contrôles. "Afin de contourner les contrôles sanitaires organisés par la Fédération française de cyclisme, contrôles d'aptitude à la compétition à visée sanitaires, qui interdisent tout départ à un coureur présentant un taux hématocrite supérieur à 50, les coureurs guadeloupéens ont l'habitude de recourir aux analyses effectuées par des laboratoires de biologie de ville, la veille ou l'avant-veille du départ d'une épreuve.

En cas d'irrégularité, ils se rendent alors dans des centres de transfusion pour donner leur sang (et baisser ainsi le volume de globules rouges), ou se font pratiquer des saignées.

Un laboratoire, à Baie-Mahault, doit ainsi détenir bon nombre d'information sur des valeurs hématologiques démentielles de certains coureurs. Jonathan Louis y a ses habitudes.

Certaines analyses, qui corroborent la problématique de santé publique du dopage dans le cyclisme guadeloupéen, feraient état de taux hématocrite de 67, c'est à dire à un niveau où la vie du sportif est clairement en danger.

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Notre post-scriptum

Luis Sablon avait déjà été contrôlé positif aux corticoïdes en 2013. Il avait alors écopé d'une suspension de 3 mois.


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Cette page a été mise en ligne le 25/05/2016