|
Actualité du dopage |
Lors du tour de France 1992 (1), en deux jours, tous les coureurs de l'équipe PDM abandonnent la compétition. Tous présentent les mêmes symptômes : fièvre, fatigue intense, troubles digestifs, fréquence cardiaque accélérée, douleurs dans les muscles et articulations. L'analyse sanguine montre un taux de globules blancs élevé. Elle laisse penser à une infection virale.
Dès le lendemain, les dirigeants de l'équipe tentent une explication puis d'autres. C'est tour à tour une climatisation défectueuse de l'hôtel puis une intoxication alimentaire dans un autre hôtel qui seraient à l'origine du mal. Problème, l'encadrement logé à la même enseigne n'est pas touché.
Le lendemain (...), ce n'est plus un virus qui est mis en cause mais une bactérie. 10 jours plus tard, les responsables seraient les boissons de course qui auraient été infectées par la salmonelle. Ceci expliquerait pourquoi seuls les coureurs ont été contaminés. Encore une semaine plus tard, les boissons sont innocentées. En effet, il faut à présent expliquer le fait que les coureurs n'aient pas subi de diarrhées. Nouveau coupable, une injection d'intralipides (solution à base de lipides destinée à reconstituer les stocks énergétiques) aurait été infectée car non tenue dans un endroit réfrigéré. Les explications s'arrêteront là.
Moins d'un mois après l'affaire, Erik Breukink, le leader de l'équipe, déclare que les coureurs ont été contraints de mentir.
En fait, deux explications beaucoup plus plausibles ont été avancées (...). La plus probable incrimine la prise d'EPO. En effet, l'ingestion massive d'EPO peut s'accompagner d'un syndrome grippal identique à celui observé sur les coureurs de l'équipe PDM.
A propos, il est indiqué sur la notice des Intralipides, que les flacons non entamés peuvent être conservés à température ambiante.
Même si ces péripéties rocambolesques peuvent prêter à sourire, ce qui suit est plus inquiétant.
(...)
Au début des années 90, en un an et demi, environ 20 coureurs professionnels sont mystérieusement décédés. Les autopsies relevaient à chaque fois une grande viscosité du sang et la formation de caillots obstruant les artères... autant d'effets secondaires de l'EPO.
(...)
Cette histoire fait furieusement penser à quelques autres du même tonneau : la gastro des "Groene Leeuwe" en 1962 (déjà !), la gastro des Once en 1996 ou encore le virus des Fassa Bortolo en 2003.
Au détour de la page 113 du livre "De la poudre aux yeux", de Sylvie Voet, on apprend que le médecin PDM de l'époque n'était autre qu'Erik Rijckaert, le futur médecin Festina !
(1) Cette affaire PDM a eu lieu en 1991 et non pas en 1992.