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Dossier dopage



Avec le Repoxygen, premier exemple de dopage génétique

25/08/2009 - Le Figaro - Jean-Michel Bader

Extraits

(...)

Tout a commencé en janvier 2006 au cours du procès de l'ancien entraîneur est-allemand Thomas Springstein. Les enquêteurs ont alors révélé avoir trouvé à son domicile la trace d'un courriel où l'on lisait : «Il est très difficile de se procurer le nouveau Repoxygen. Donnez-moi s'il vous plaît de nouvelles instructions, de sorte à ce que je puisse commander les produits avant Noël.»

Jusqu'alors, le Repoxygen n'était qu'un futur «gène médicament» développé par une obscure firme de biotechnologie britannique, Oxford Biomedica, pour combattre l'anémie sévère. Un gène médicament, c'est simplement de l'ADN humain capable, une fois injecté dans le muscle d'un sujet, de produire une substance vitale (hormone, protéine) que les gènes naturels du malade ne peuvent produire. C'est la base de la thérapie génique. Repoxygen contient une copie normale du gène humain de la fameuse EPO (...).

L'EPO est devenue la vedette du dopage high-tech depuis une dizaine d'années, mais les dopés savent que les tests antidopage peuvent la détecter. D'où l'idée de ce dopage génétique plus difficile à détecter... Les essais sur l'animal de ce qui devait devenir une thérapie génique ont été décevants : des babouins ayant reçu Repoxygen en injection intramusculaire se mirent à fabriquer l'hormone EPO (érythropoïétine) en telles quantités, et de façon si incontrôlable, qu'ils produisaient des kilos de globules rouges. Il fallait quotidiennement les saigner pour qu'ils survivent !

Une autre étude chez des primates tourna aussi au drame : l'injection déclencha une réaction de défense de l'organisme foudroyante, et les animaux devenus incapables de faire de nouveaux globules rouges furent rapidement si anémiques qu'il fallut les euthanasier.

(...)

La volonté de détourner la thérapie génique médicale «légitime» par les athlètes et leurs entraîneurs à des fins de dopage ne (...) concerne pas que l'EPO. Gènes de l'insuline, de l'hormone de croissance, de la testostérone ou des facteurs de croissance seraient au programme des années à venir des officines spécialisées, et des entourages médicaux des sportifs.

D'ailleurs, depuis 2003, la commission de génétique de l'Agence mondiale antidopage (...) a financé 25 programmes de recherche dans des laboratoires au Danemark, en Suède, aux États-Unis et en France. Il s'agit de détecter chez les dopés la présence du gène supplémentaire de l'hormone de croissance, de l'EPO, de la myostatine. D'autres travaux réalisés par l'université de Floride et l'Inserm à Nantes sont censés mettre au point un test de détection des virus qui servent de véhicules à des gènes de dopage.

Mais, à ce jour, aucun projet n'a abouti à un test validé par voie sanguine ou dans les urines. Le dopage génétique ne peut être découvert qu'en faisant une biopsie des muscles des athlètes !

Repoxygen a été abandonné dans son développement clinique par Oxford Biomedica en 2007 : trop cher comparé aux autres traitements efficaces et déjà autorisés des anémies. Mais les athlètes restent prêts à tout : lorsque Lee Sweeney, un biologiste de l'Université de Pennsylvanie, a créé au début de l'année 2000 des souris «Schwarzenegger» avec 30 % de muscle en plus, en leur injectant un gène IGF1 qui contrôle la croissance musculaire, il a été inondé de demandes d'athlètes. Tous volontaires (...) pour devenir des cobayes humains. Et des sites sur le Net font déjà la promotion des produits de dopage génétique comme Repoxygen...

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Cette page a été mise en ligne le 27/09/2009.


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