cyclisme-dopage.com - Portrait de Bruno Roussel

1956 :
- Naissance à Vannes (Morbihan). Il est le fils d'Ange Roussel qui entraînera les équipes de France juniors de cyclisme.
1975 :
- Il devient champion de Bretagne de vitesse et remporte le kilomètre Rustines. Il réédite la même performance l'année suivante
1979 :
- Il remporte le circuit du Morbihan.
Années 80 :
- Il passe son Brevet d'Etat d'entraineur au CREPS de Talence dont il sort major de promotion.
1990 :
- Il entame ses premiers contacts avec le monde du cyclisme professionnel au sein de l'équipe Helvetia-La Suisse où il seconde Paul Koechli. Parmi les coureurs, il cotoie Gilles Delion.
1991 :
- Il devient directeur sportif de l'équipe RMO où évoluent Richard Virenque et son soigneur Willy Voet. Ses méthodes, basées sur l'entraînement et la nutrition, sont jugées "ringardes" par certains de ses coureurs, tels que Marc Madiot, Frédéric Brun et Thierry Claveyrolat.
1993 :
- Il devient directeur sportif et manager de l'équipe Festina.
1998 :
- Le 8 juillet, Willy Voet, soigneur de l'équipe Festina, est arrêté par des douaniers à la frontière franco-belge. Son véhicule est une véritable pharmacie ambulante.
- Le 16 juillet, au commissariat de Cholet (Maine-et-Loire), après plusieurs jours de dénégation, il avoue devant les enquêteurs l'étendue du dopage au sein de l'équipe Festina.
- Le lendemain, à Lille, il est présenté au juge Patrick Keil qui sera chargé de l'enquête. Bruno Roussel est mis en examen pour "facilitation et incitation à l'usage de produits dopants, notamment lors d'une compétition sportive" et placé en détention à la maison d'arrêt d'Arras. A sa sortie du tribunal, son avocat Me Thibault de Montbrial, lit un communiqué qui fera l'effet d'une bombe : "Bruno Roussel a expliqué aux enquêteurs, lesquels avaient les éléments en leur possession, les conditions dans lesquelles une gestion concertée de l'approvisionnement des coureurs en produits dopants était organisée entre la direction, les médecins, les soigneurs et les coureurs de l'équipe Festina. L'objectif était d'optimiser les performances, sous strict contrôle médical, afin d'éviter l'approvisionnement personnel sauvage des coureurs dans des conditions susceptibles de porter gravement atteinte à leur santé, comme cela a pu être le cas par le passé".
- Il est incarcéré pendant trois semaines dans le cadre de l'affaire Festina.
2000 :
- Il est condamné à un an de prison avec sursis et 50.000 francs (7.600 euros) d'amende. Il écope de 5 ans d'interdiction de licence.
2001 :
- Il publie "Tour de vices" où il détaille ses propositions pour lutter contre le dopage. Il se reconvertit dans l'immobilier.
2005 :
- Il soutient le site Cyclisme & Dopage (devenu depuis cyclisme-dopage.com) dans son conflit contre la CNIL à propos de l'annuaire du dopage.
2007 :
- Selon Mediapart.fr, il a été condamné pour « fraude fiscale » et « omission d'écritures en comptabilité » pour le montage mis au point par l'équipe Festina pour rémunérer les coureurs et acheter des produits dopants.
2014 :
- En septembre, il fait son retour dans le milieu cycliste à la tête l'équipe mexicaine sur route et en endurance sur piste. Il y reste jusqu'en mars 2016.
2018 :
- Il s'occupe des juniors du VC Pontivy, club où son père, Ange, était toujours licencié jusqu'à son décès en janvier 2018.

Ses propositions pour lutter contre le dopage

S'appuyer sur le pouvoir financier de la Société du Tour de France

Pour moi, la Société du Tour de France, société à but lucratif, est plus forte que la fédération, plus forte que l'UCI (...). Si elle dit " pour être au départ, les gars ne devront pas avoir été positifs ". Ou bien " voilà le niveau scientifique que l'on exige, voilà où on met la barre ", tout le monde devra s'incliner. L'argument de dire que l'UCI ferait pression sur le Tour n'est qu'un prétexte. Car les grandes équipes professionnelles ne peuvent pas ne pas être au départ du Tour. (...) Avec une barre éthique, morale et scientifique plus haute, tout le monde se serait plié. Pour moi, le Tour a les moyens d'imposer une vision. Il ne faut rien attendre de l'Association des coureurs cyclistes, qui n'a aucun poids. Ils ont des carrières trop courtes et le vélo c'est de l'individualisme forcené. L'Association des groupes sportifs non plus ne fait pas le poids. L'AIGSP ne touche pas une bille. Il n'y a en fait pas de contre-pouvoir.

Encourager la recherche

Il faudrait par exemple attribuer une partie des sommes générées par le cyclisme à la recherche scientifique pour détecter les nouvelles substances. Il faut penser comme les dopeurs et les dopés, et ne pas se contenter de détecter ce qu'on connaît. Il y a de nombreux produits en dehors de l'EPO. Il faut une collaboration avec les laboratoires pour établir un protocole de détection des produits qui ne sont pas encore sur le marché mais déjà en phase d'expérimentation. Faisons de la recherche anticipée. Mais je m'interroge sur la volonté des labos, par rapport à l'aspect santé publique. J'aimerais savoir : ils ne sont pas étonnés de toute l'EPO qui a été vendue ces dix dernières années ? Et si les labos trouvaient, avec des gens un peu inconscients, un terrain d'expérimentation extraordinaire ? Avec ce qui s'est passé, ils ne peuvent pas ne pas savoir. Que font-ils ?

Il a dit

1990

"Ce que je vais essayer, c'est de faire un cyclisme simple et sain." (L'Equipe? 30/01/1990)

1998

"Depuis 1998, les appels que j'ai reçus se comptent sur les doigts d'une main : quelques coureurs, deux ou trois directeurs sportifs. J'ai surtout été très déçu par l'attitude de certains anciens de mon équipe. J'ai découvert que la solidarité du peloton était une belle utopie." (Le Monde, 22/07/2008)

2017

« Il ne faut pas ouvrir, ni même entrouvrir la porte. Chez Helvetia, il n'y avait rien. En tout cas, je n'ai rien vu. Chez RMO, il y avait un peu de corticoïdes et des amphétamines dans les critériums. Mais, chez Festina, en 1997, c'était déjà trop tard. Il y avait un noyau devenu difficile à gérer, à contrôler. Je n'avais plus d'emprise sur quelques-uns. » (letelegramme.fr, 03/04/2017)
« Le cheminement vers le dopage commence tôt, prévient-il. Ça s'insinue en douceur. Ça part de la prise d'un comprimé de Vitamine C, comme le Laroscorbine ou le Guronsan, conseillé par un père, un tonton ou un ancien coureur, le matin de la course. Pour peu que le jeune gagne, ça y est, le vers est dans le fruit. Il va croire qu'il a gagné grâce à ça. Alors que non : il est en forme, il s'entraîne bien, il a bien reconnu le parcours, il a bien révisé son vélo... (...) Je dirai aux jeunes : prenez plutôt un bon jus d'oranges pressées le matin. Avec un bon petit-déjeuner. Des céréales, mais des vraies, pas les trucs au chocolat bourrés de sucre qu'on vend dans les supermarchés. Et pas de médicaments. Si vous êtes malades, vous ne courrez pas, c'est tout. » (ouest-france.fr, 12/12/2017)

Ils ont dit de lui

2000

Erwan Menthéour, ancien coureur : « Beaucoup de coureurs voulaient aller chez Festina, parce que c'était la politique du moins pire. Bruno a organisé le dopage pour protéger les coureurs d'eux-mêmes. Car un coureur, face à lui-même, il a toujours le choix. Brochard et Hervé étaient des grands garçons. » (Procès de l'affaire Festina, 26/10/2000, cité par humanite.fr, 27/10/2000)

2001

Gilles Delion : "J'ai bien appréhendé son arrivée au sein de notre équipe (...). Bruno arrivait de Créteil. 11 s'est très vite fait à sa fonction. Je dirais même qu'il avait une certaine envergure pour ce poste. (...) Pour ce qui concerne le dopage, il a pris d'emblée la même position que Paul [Koechli] : contre. C'était de toute manière la règle dans l'équipe. Je n'ai jamais parlé dopage avec lui. C'était presque un sujet tabou chez Helvetia et je ne peux donc pas savoir ce qu'il en pensait réellement à ce moment-là." (La France Cycliste n°2129, 07/12/2001)

2008

Pierre Ballester, journaliste : « Bruno Roussel était l'incarnation du mal, le mouton noir, au même titre que Christophe Bassons plus tard dans le peloton, car il cristallisait les emmerdes. Finalement, il a été le plus honnête, le seul à se déclarer responsable et coupable, le seul à avoir fait de la prison pour ça. Il a révélé un monde, des agissements. Pour lui, il s'agissait surtout de protéger ses coureurs, qu'ils n'aillent pas se piquer dans leur coin sans aucun contrôle médical. C'est l'un des mecs les plus honnêtes que j'ai rencontrés dans ce milieu. » (Ouest France, 30/06/1905, cité par ouest-france.fr, 12/12/2017)

2010

Christophe Moreau, ancien coureur Festina : "[Un homme] qui aimait les coureurs et le vélo, qui n'était pas un trafiquant mais qu'on a envoyé en cellule." (L'Equipe - 13/07/2010)

2013

Luc Leblanc, ancien coureur Festina : "Quand je pense au discrédit que certains ont jeté sur lui, je me demande comment ils peuvent se regarder dans la glace, alors que Bruno a agi pour contrôler les choses et sauver des vies." (L'Equipe, 02/07/2013)

2018

Elena Roussel-Messager, sa fille : « Papa, je voulais enfin te dire que ce n’est pas à cause de l’affaire Festina ni de ton choix que l’anorexie s’est emparée de moi. C’est d’avoir vécu à travers les images, les commentaires immondes qui se répandaient sur ton compte. De ce qu’on en sait maintenant, le dopage massif était la réalité du moment. Soit tu étais dedans, soit tu n’étais pas. Je t’en prie, ne vieillis pas avec cette culpabilité ; elle n’est pas tienne. (...) Tu restes mon héros, le premier homme de ma vie. Je suis fière de toi, d’être de toi. » (liberation.fr, 05/07/2018)

Bruno Roussel

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