Gilles Delion

• 1966 : naissance le 05/08/1966 à Saint-Etienne.
• 1988 : encore amateur, il se place 18ème du Dauphiné Libéré. En fin d'année, il passe professionnel dans l'équipe Weinmann-La Suisse de Paul Koechli, qu'il préfère à l'équipe Système U de Cyrille Guimard qui lui avait également fait une proposition. « Koechli avait la réputation d'être propre et de diriger une équipe propre.», explique-t-il en 2017.
• 1989 : l'équipe Weinmann-La Suisse devient Helvetia-La Suisse. Gilles Delion y restera jusqu'en 1992. Il remporte le Grand Prix de Lugano et termine deuxième du Tour de Romandie, battu par Tony Rominger. Il est sélectionné pour les championnats du monde de Chambéry.
• 1990 : année faste, il remporte une étape du Critérium International, termine 15ème (et meilleur jeune) du Tour de France avant de s'imposer sur le Tour de Lombardie. Auparavant, il était monté sur le podium de Milan-Turin, du Tour du Lazio et du Tour d'Emilie. Il se classe 5ème au classement final de la Coupe du Monde.
• 1991 : il contracte une mononucléose qui le handicapera tout le reste de sa carrière. Il termine 21ème du Tour de France.
• 1992 : remporte la Classique des Alpes et une étape du Tour de France. En conférence de presse, il clame haut et fort qu'il doit sa victoire à l'"eau et la salade de fruits". Il termine 58ème du Tour de France.
• 1993 : passe dans l'équipe Castorama de Cyrille Guimard. Il remporte deux manches de la Mi-Août Bretonne.
• 1994 : remporte le Grand Prix La Marseillaise, une étape du Tour de l'Ain et le Grand Prix de la Ville de Rennes.
• 1995 : rejoint l'équipe Chazal de Vincent Lavenu.
• 1996 : dédaigné par les équipes françaises, notamment en raison de ses prises de position antidopage, il termine en mai sa carrière dans l'équipe Aki Gipiemme. Il se lance alors dans le VTT à titre professionnel et remporte la course de la Forrestière.
• 1997 : il remporte à nouveau la course de la Forrestière. Il dénonce la généralisation de l'EPO dans les pelotons.
• 1999 : il termine 8ème des championnats de France de VTT. Il participe à la création du centre de formation de Chambéry.
• 2000 : signe le manifeste "100 pour 2000", destiné à énoncer les règles fondamentales d'un sport à visage humain. Parmi les signataires, on retrouve Félicia Ballanger, Christophe Bassons, Jérôme Chiotti, Thomas Frischknecht, Frédéric Grappe, Erwan Menthéour, Sophie Villeneuve, Antoine Vayer, Willy Voet ou encore Roxana Maracineanu (natation), Jackson Richardson (handball) et Simon Lessing (triathlon).
• 2001 : retiré du cyclisme, il devient agent immobilier à Chambéry.
• 2013 : il devient membre du Conseil du cyclisme professionnel, instance de l’Union cycliste internationale"".

Faits notables

Gilles Delion a été l'un des premiers coureurs, si ce n'est le premier, à dénoncer le dopage, à une époque où le sujet n'intéressait pas grand monde.

Il refusait toute prise de médicament. Ainsi, pour combler une carrence en fer, il mangeait des pommes dans lesquelles il avait précédemment planté un clou rouillé.

Il a dit

• « On va trop loin dans le haut niveau en général et dans le cyclisme en particulier. Ce n’est plus du sport mais de la science. Je suis désolé mais on ne peut plus accorder de crédit actuellement à une performance physique. Le haut niveau n’est plus crédible et, le pire, c’est que tout le monde a tendance à s’harmoniser dans la mesure où tout le monde prend la même chose. » (L'Equipe, 27/06/1996)
• "Je ne vois pas (...) pas l'intérêt de gagner complètement allumé, ni quelle fierté on peut en tirer. (...) Je suis très attaché à cette notion de pureté du sport, sans laquelle il n'y a plus de beauté du geste, plus d'héroïsme. (...) Les pros doivent être irréprochables ; la fin ne justifie pas les moyens, ce n'est pas vrai." (Cyclisme International, janvier 1997)
• « Certains coureurs disent que je suis aigri, que je suis un con, mais d'autres, je le sais, sont heureux que quelqu'un commence à ouvrir sa gueule. » (Cyclisme International, 01/1997)
  
  
• "Sous la direction de Paul Koechli, le dopage n'a jamais été à l'ordre du jour." (L'Equipe 01/07/1999)
• "Le dopage dans le vélo (...), on m'en parle depuis que j'ai quatorze ans ! Ce n'est donc pas d'aujourd'hui. Moi, j'ai été épargné. Au sein de l'équipe Helvetia, je nageais dans un oasis de sérénité, tranquille, loin de tout cela. Ce n'était pas notre préoccupation. On ne parlait pas de dopage dans cette formation, nous n'étions pas au courant de ce qui se passait. Les anciens n'en parlaient pas non plus. Mais il est clair qu'en 93 tout le monde savait qu'un nouveau produit avait débarqué dans le peloton, l'EPO. (...) On ne saura jamais si les gars qui n'en ont jamais pris sont des champions, mais les coureurs que l'on a présentés comme tels l'étaient-ils vraiment ? Certains ont usurpé des carrières et des réputations, des palmarès aussi." (La France Cycliste n°2129, 07/12/2001)
• "Je comprends (...) les coureurs qui sont venus à [l'EPO] en dernier recours. Ils ont suivi le mouvement et fait comme les autres. Ce sont des victimes du dopage. On ne peut pas en vouloir à ceux qui y sont venus quand plus de 70% du peloton l'utilisait déjà. Ils ont cherché à sauver leur peau. En revanche, je blâme ceux qui cherchent, chassent et obtiennent avant tout le monde des produits nouveaux." (La France Cycliste n°2129, 07/12/2001)
• "Le crime du dopage profite aux sportifs qui gagnent des dizaines de millions de francs et pour lesquels les sanctions ne sont pas assez lourdes." (La France Cycliste n°2129, 07/12/2001)
• Après sa victoire d’étape sur le Tour de France 1992 : « Je suis un produit de l’eau et de la pâte de fruits. » (07/1992, cité par lemonde.fr20/07/2015)
• A propos de Paul Koechli et de qui l'a poussé à le choisir comme premier directeur sportif dans une équipe professionnelle : « Je savais que je pouvais faire confiance à quelqu’un de très honnête. » (lemonde.fr, 20/07/2015)
• « Au bout d’un moment, on a eu suffisamment d’indices. Les mecs faisaient la course aux glaçons dans les hôtels pour mettre l’EPO au frais. Les Italiens se sont mis à tout gagner. Et quand j’ai vu un sprinteur de Gan faire le tempo dans un col du Tour du Haut-Var... » (lemonde.fr, 20/07/2015)
• Faisant le bilan de sa carrière : « Si je n’avais pas eu mes problèmes d’énergie, j’aurais eu le temps de faire encore deux ou trois belles années sans me doper. » (lemonde.fr, 20/07/2015)
• A propos de ses collègues qui ont succombé à la tentation : « Certains sont tombés dedans contraints et forcés. Il y avait ceux à l’affût, qui cherchaient absolument les produits ; et ceux qui pouvaient être foncièrement bons et qui ont subi une période foncièrement mauvaise. » (lemonde.fr, 20/07/2015)
• A propos de Jean-Christophe Péraud : « Un mec super nature. » (lemonde.fr, 20/07/2015)
• A propos de Paul Koechli et de l'équipe Helvetia-La Suisse : « Koechli avait la réputation d'être propre et de diriger une équipe propre. Parfois, un directeur sportif pouvait même venir aux toilettes pour vérifier que les coureurs n'essayaient pas de se faire des injections. Je ne dirais pas que le dopage était totalement inexistant sur Helvetia, mais le dopage n'était pas un sujet de conversation. Y avait-il des coureurs dans l'équipe qui ont joué avec le dopage ? Peut-être, je ne sais pas. Mais le dopage ne faisait pas partie de la culture de l'équipe, et je pense que la grande majorité des coureurs étaient propres. » (cyclingnews.com, 21/02/2017)
  
  
• « Ce sont mes problèmes de santé qui m'ont gêné, mais cela a été aggravé par le fait que de plus en plus de coureurs utilisaient l'EPO. Vous ne pouvez pas attribuer ma perte de compétitivité à l'un ou l'autre, c'était une combinaison des deux. J'ai vu des choses qui m'ont fait arrêter et réfléchir. Je voyais des coureurs qui avaient été dans le gruppetto et qui maintenant menaient le peloton dans les montées. Je me souviens d'un sprinter français qui menait le peloton au col d'Izoard. » (cyclingnews.com, 21/02/2017)
  
  
• « Quand j'ai pris publiquement position contre le dopage, il y avait d'autres coureurs qui étaient comme moi, qui pensaient comme moi. Il y avait d'autres coureurs qui ne prenaient rien, seulement ils ne disaient rien parce qu'ils avaient peur de perdre leur place dans leur équipe, ou de perdre une course parce que les autres coureurs auraient couru sur eux dans le final. » (cyclingnews.com, 21/02/2017)
  
  
• « La cortisone devrait être complètement bannie. » (cyclingnews.com, 21/02/2017)
  
  
• « Vous ne pouvez jamais être sûr de rien, mais la culture et les valeurs ont complètement changé (...). Les coureurs ont aujourd'hui la chance de travailler dans un environnement plus sain, où ils peuvent espérer gagner des courses sans avoir à se doper. Le cyclisme est un écosystème qui fonctionne mieux sans dopage qu'avec le dopage. » (cyclingnews.com, 21/02/2017)
  
  

Ils ont dit de lui

1997

• Hein Verbruggen, alors Président de l'UCI, à propos de déclarations de Gilles Delion laissant entendre que beaucoup de coureurs se dopent à l'EPO : "Delion ou Obree (...) sont des gens qui ne peuvent plus suivre le peloton. Je trouve ça lâche, je n'ai pas d'autre mot. " (L'Equipe 17/01/1997)

1998

• Un ancien coureur professionnel, souhaitant rester anonyme à propos de Gilles Delion et Andy Hampsten : "On faisait beaucoup de courses à l'eau et je pense sincèrement que quelques coureurs arrivaient à quelque chose sans se doper. Aujourd'hui, c'est différent." (Libération, 03/08/1998)

En savoir plus

• Gilles Delion, le champion inachevé (Clément Guillou a reçu pour cet article, le prix Pierre-Chany 2015, qui récompense le meilleur article de cyclisme paru dans l'année).