Actualité du dopage

La vérité sur Armstrong


23/08/2005 - L'Equipe - Damien Ressiot

«Je n'ai jamais eu recours à des produits interdits, que ce soit l'EPO ou toutes autres substances illicites» («L'Équipe» du 10 avril 2001). Face à cette affirmation (...) assortie parfois d'un «c'est à vous, journalistes, (...) de dire si je mens ou si je dis la vérité» (dans ces mêmes colonnes, le 22 juillet 1999), L'Équipe est aujourd'hui en mesure de contredire le septuple vainqueur du Tour de France et de lui répondre. Oui, des analyses récentes, pratiquées sur des échantillons datant du (...) Tour (...) 1999, démontrent que Lance Armstrong a déjà consommé des produits dopants. Après quatre mois d'enquête, (...) les faits sont indiscutables : le leader de Discovery Channel, durant six saisons à la tête de l'US Postal, a déjà utilisé régulièrement des produits interdits en 1999 et aurait donc menti sur cette non-consommation en compétition.

Selon nos sources, plusieurs échantillons urinaires prélevés sur sa personne lors de la Grande Boucle 1999 présentent en effet des traces caractéristiques, indiscutables et conséquentes d'érythropoïétine recombinante (EPO). Par six fois, (...) ses échantillons, analysés rétrospectivement par le Laboratoire national de dépistage du dopage de Châtenay-Malabry (LNDD), sont marqués par la signature de cette hormone de synthèse, qui (...) permet (...) un gain possible de performances que les physiologistes évaluent à 30% maximum.

Ces analyses de détection de l'EPO réalisées a posteriori à partir de décembre 2004 par les scientifiques français qui ont eux-mêmes validé ce mode de détection - le professeur Jacques de Ceaurriz et le docteur Françoise Lasne en l'occurrence -, n'avaient point pour vocation première de confondre d'éventuels tricheurs lors de l'épreuve 1999. Elles tendaient uniquement - en collaboration avec l'Agence mondiale antidopage (AMA) et le ministère des Sports, (...) à affiner les critères de positivité de la méthode.

Jamais les scientifiques français n'ont supposé lever un tel lièvre, ce qui, de toute façon, leur est impossible, puisque aucun des échantillons urinaires ou sanguins confiés à leur expertise n'est nominatif.

Et pourtant, parmi les douze échantillons positifs à l'EPO prélevés sur le Tour 1999, six appartiennent donc à Armstrong. (...) Pour effectuer ce recoupement, il a fallu reconstituer le puzzle et comparer les numéros des échantillons urinaires prélevés sur la personne de l'Américain (...) et de les faire correspondre avec les numéros des échantillons urinaires positifs à l'EPO et qualifiés comme tels par le laboratoire de Châtenay-Malabry.

Ce travail d'investigation, L'Équipe a pu l'effectuer en comparant les documents concernés, conservés en plusieurs endroits différents. Et les faits sont confondants pour le Texan.

(...) En cette année 1999, le test EPO urinaire n'existait pas et (...) les membres du peloton, (...) n'avaient nul besoin de masquer cette prise d'hormone. Rappelons que le test français, utilisé pour la première fois dans le monde sportif lors des Jeux de Sydney en 2000 (...), n'a été validé par l'Union cycliste internationale(UCI) que le 1er avril 2001 (...).

(...)

Cette impunité du moment aura donc perdu le jeune retraité, qui ne s'est jamais méfié de la probabilité d'analyses rétroactives pour l'année 1999 (...).

Pour autant, que peut-il désormais lui arriver ? Ces résultats scientifiques vont avoir pour unique mais désastreuse conséquence d'avérer ses mensonges relatifs au fait qu'il n'aurait jamais utilisé de produit interdit significatif. (...)

Et cette affaire ne devrait paradoxalement avoir aucune suite disciplinaire. Les analyses rétroactives réalisées par le LNDD ont en effet été effectuées sur le seul échantillon B des prélèvements de 1999 - le A ayant été destiné en totalité aux analyses conventionnelles en temps réel, toutes négatives hormis la fameuse histoire des corticoïdes lors du Tour en question (...) et il ne reste que très peu de reliquat urinaire. De plus, les échantillons B ont été descellés pour le bien de ces analyses expérimentales et la procédure sportive ne pourrait donc répondre aux impératifs disciplinaires du règlement antidopage de l'UCI. (...) Il n'y aura donc point de contre-expertise ni de poursuites réglementaires stricto sensu, puisque les droits de la défense ne pourront être sérieusement respectés. Néanmoins, les six échantillons B appartenant à Armstrong et présentant des traces d'EPO ne sont pas épuisés. Certains contiennent encore suffisamment de matrice urinaire pour se prêter à une nouvelle analyse de détection (...),qui nécessite, rappelons-le, 20ml d'urine, voire pour, via une analyse ADN, assurer leur appartenance au citoyen américain si celui-ci tentait de contester ce fait.

(...)

Notre post-scriptum

Après la lecture de cet article, on peut savourer ces mots de Lance Armstrong dans son livre "Il n'y a pas que le vélo dans la vie" (p. 259) : "Le dopage est l'un des écueils du cyclisme, ou de tout autre sport d'endurance d'ailleurs. Inévitablement, il est considéré par certaines équipes un peu comme l'arme atomique, indispensable pour rester performant dans le peloton. Je n'ai jamais partagé cette opinion et je peux vous dire que depuis ma chimio, la seule idée d'introduire une substance étrangère dans mon organisme me révulse."

Compte-tenu de l'importance du "scoop", de nombreux commentaires, certains acides, ont suivi la parution de l'article dans L'Equipe. Le webmaster du site La flamme rouge a répondu point par point aux principales critiques émises par ceux qui n'ont pas été convaincus par la démonstration. Cliquez ici.


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Cette page a été mise en ligne le 06/09/2005