Actualité du dopage

Armstrong positif aux corticoïdes


2004 - L.A. Confidentiel - Pierre Ballester & David Walsch

L'étape (...) rallie Montaigu à Challans, dans l'ouest de la France, et Armstrong réussit à garder son maillot jaune. A ce titre, il doit à nouveau se soumettre au contrôle antidopage. Ce 4 juillet, jour de Fête nationale dans son pays, Armstrong est contrôlé positif. On trouve dans ses urines des traces de triamcinolone acétonide, un corticoïde de synthèse à action retard qui ne peut émaner en aucun cas d'une sécrétion naturelle.

Selon la liste des produits interdits par l'UCI, l'usage des corticoïdes est contrôlé de la façon suivante :

« Article 111 : classes des produits sujets à certaines restrictions

c) : l'usage des corticoïdes est interdit, excepté en usage externe (...), en inhalation (...) ou en injections locales ou intra-articulaires. Le coureur doit faire la preuves de telles utilisations avec un certificat médical. »

Problème toutefois : sur le procès verbal du contrôle médical d'Armstrong réalisé à Challans, dans la colonne « Médicaments pris », il est écrit : « néant ». Le contrôle a eu lieu le dimanche soir à 17 heures, et deux semaines s'écoulent avant que le résultat positif d'Armstrong ne soit éventé par le quotidien Le Monde. (...) A Tarbes, le 19 juillet, jour de repos, Armstrong tient une conférence de presse au cours de laquelle il affirme n'avoir jamais pris de corticoïdes et ne pas avoir de certificat médical pour utiliser des produits interdits. (...) Mais la veille au soir de cette conférence, un journaliste du Monde a reçu d'une source fiable une information selon laquelle Armstrong a été contrôlé positif le 4 juillet. Les journalistes du Monde (...) tentent d'en avoir confirmation auprès du président de l'UCI, Hein Verbruggen, et du responsable de sa commission médicale, Léon Schattenberg. Ils ne peuvent joindre Schattenberg (...), tandis que Verbruggen déclare qu'il n'est pas au courant. Le 19 juillet, de nombreux membres de l'US Postal comprennent que l'affaire va éclater.

(...) Le Monde veut (...) obtenir une réaction de l'US Postal. Le soir, l'un des trois journalistes (...) réussit à joindre Dan Osipow - il s'occupe des relation publiques de l'équipe - qui se refuse à tout commentaire. Le journaliste lui demande en particulier si Armstrong aurait utilisé une pommade qui aurait pu le rendre positif, le porte-parole lui déclare qu'il ne peut pas répondre.

Selon O'Reilly [masseuse de Lance Armstrong], la réponse de l'US Postal a été mise au point pendant son massage tarif à Armstrong ce soir-là.

« Deux membres du staff de l'US Postal ont passé un moment dans la pièce. (...) On avait l'impression que la merde allait sortir et il fallait trouver une explication. Et c'est ce qu'ils ont conclu : douleur à la selle, pommade aux corticoïdes, avec une ordonnance antidatée. (...) Plus tard ce soir-là, il y a eu un branle-bas de combat pour trouver Luis [del Moral, le Médecin de l'équipe], qui devait établir l'ordonnance. » Raison officielle donc : une dermatite allergique à la selle.

(...)

Le 22 juillet, l'UCI publie un communiqué affirmant qu'Armstrong utilise de la Cémalyt, une pommade contenant de la triamcinolone, pour soigner une allergie dermatologique. L'UCI affirme avoir eu l'ordonnance délivrée à cet égard. L'UCI ne précise pas en revanche si Armstrong a déclaré la Cémalyt sur sa feuille de contrôle ni quand l'ordonnance lui a été présentée. A la fin du communiqué l'UCI, qui prend manifestement la défense du champion américain autant que sa propre équipe, invite les journalistes à ne pas tirer de conclusions hâtives en matière de dopage :

« Nous voudrions demander à tous les représentants de la presse de faire attention à la complexité de ces questions et aux aspects relatifs des règlements et de la loi avant de publier leurs articles. Cela permettrait d'éviter des affirmations à caractère superficiel, sinon infondé. »

L'UCI fait référence à une regrettable erreur du Monde qui, à propos des échantillons d'urine d'Armstrong et d'autres coureurs, a précisé le ratio du taux de testostérone sur épitestostérone. Une indication sans intérêt dans le cas présent puisqu'elle n'a rien à voir avec la positivité du contrôle d'un corticoïde. (...)

Quoiqu'il en soit, la Cémalyt, qui contient effectivement de la triamcinolone acétonide comme principe actif, aurait dû être répertoriée dans la liste des médicaments utilisés par l'US Postal et, dès lors, faire l'objet d'une demande d'autorisation d'importation auprès de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFFSSAPS). Or, après consultation des archives de l'agence, la responsable de la communication (...) s'est montrée catégorique : « Aucune autorisation d'importation n'a été délivrée à l'US Postal pour la Cémalyt pour le Tour de France 1999 ».

Notre post-scriptum


Lance Armstrong raconte les faits à sa façon dans "Il n'y a pas que le vélo dans la vie" : "Ayant décidé de répondre avec la plus grande franchise, j'ai donné une conférence de presse dès St Gaudens : "j'ai vu la mort en face et je ne suis pas stupide". Chacun sait que la prise d'EPO ou de stéroïdes expose un sujet sain à des troubles sanguins et des risques d'embolie. (...)" Le jour ou les journalistes sauront rester honnêtes et professionnels et auront compris qu'on ne peut pas publier n'importe quelles saletés, ils se rendront compte qu'ils ont affaire à un coureur propre."
Plus loin il continue : "J'ai à peine franchi la ligne qu'un journaliste de la télévision française braque sa caméra sur moi : après un certain reportage, on aurait décelé des substances prohibées dans mes urines. C'est faux bien entendu. Je retourne à l'hôtel, je me fraie difficilement un passage au milieu d'une meute hurlante de reporters et je donne une conférence de presse, une de plus. (...) Le Monde avait publié un article prétendant qu'on aurait décelé d'infimes traces de corticostéroïdes dans mes urines. Ma selle me blessait, et je me soignais avec une pommade à la cortisone que j'avais d'ailleurs fait accepter par les autorités avant le départ de la course. Aussitôt, les responsables du Tour ont dementi ces rumeurs. J'ai répondu aux journalistes : "Le Monde voulait un scoop sur le dopage, il devra se contenter d'un scoop sur une crème dermatologique.".


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Cette page a été mise en ligne le 12/08/2005