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Les Français sont-ils condamnés à finir comme l'« éternel second », Raymond Poulidor ? Plus les étapes passent, plus Thibaut Pinot (3e) se rapproche de la 2e place de Valverde, mais plus Vincenzo Nibali paraît hors d'atteinte. L'Italien continue son parcours de santé. A moins que Jean-Christophe Péraud (4e), à 37 ans, dans le final de la 17e étape, ne fasse comme Poulidor, à 38 ans, lors de la 16e étape du Tour 1974.
Quarante ans après, le Tour arrive de nouveau, mercredi 23 juillet, à Saint-Lary-Soulan (Hautes-Pyrénées), avec la même ascension du Pla d'Adet (10 km à 8,4 %). En 1974, avec un temps de 32 min 13 sec, « Poupou » parvenait enfin à distancer le maillot jaune et remportait l'étape avec 1 min 49 sec sur sa bête noire. Le maillot jaune s'appelait Eddy Merckx.
En 2014, toutes proportions rapportées, (ca)Nibali est plus puissant que le « cannibale belge ». En tenant compte d'une multitude de paramètres de l'époque, « Poupou » aurait dû, aujourd'hui, développer l'équivalent de 404 watts de puissance pour rééditer son exploit. Péraud et les autres Français qui s'illustrent devraient finir dans cette zone verte de puissance moyenne à l'issue du Tour. Ils ont au moins la même « classe » que Poulidor.
Las, Nibali, lui, comme à la bonne vieille époque du vélo trafiqué, devrait évoluer au-dessus de la zone suspecte des 410 watts. Samedi 19 juillet, dans la montée finale du col de Risoul (Hautes-Alpes), avec 425 watts-étalons, en 28 min 15 sec pour 11,1 km à 6,9 % depuis Guillestre, il n'a pas réussi à totalement se débarrasser de Péraud, collé à sa roue arrière. Une position à l'abri qui a permis au Français d'économiser 15 watts grâce au phénomène d'aspiration et de le suivre.
PIQÛRE DE RAPPEL
L'Italien voulait, par intérêt pour des alliances futures dans les Pyrénées, laisser gagner le Polonais Majka, membre de l'équipe Saxo-Tinkoff, échappé depuis le départ de l'étape. Lui aussi sera au-dessus de la barre des 410 watts s'il continue comme ça. Rafal Majka, 6e du dernier Tour d'Italie et 2e de l'étape de Chamrousse la veille, était le coéquipier de Contador avant que l'Espagnol n'abandonne. Il a interrompu ses vacances pour remplacer au pied levé Kreuziger, suspendu pour anomalies dans son passeport biologique.
Au sommet du col de l'Izoard (9,4 km à 7,66 % depuis Cervières), le Polonais a pu bénéficier de l'aspiration de Joachim Rodriguez (3e du Tour 2013, qui pointe cette année à 1 h 34 de (ca)Nibali). Résultat : 370 watts. Il a ensuite dévalé le « toit du Tour » avec des pointes à 105 km/h et c'est débarrassé de « Purito » qu'il a battu Nibali d'un petit watt (425) dans la montée finale de Risoul.
Sans doute s'est-il inspiré du premier Polonais qui ait terminé sur le podium du Tour, Zenon Jaskula. En 1993, flashé à 441 watts miraculeux, il avait battu le record de la montée du col du Pla d'Ade, en mettant 3 min 26 sec de moins que Poulidor. Jaskula avait franchi la ligne d'arrivée devant le duo Rominger-Indurain, clients des docteurs Ferrari et Padilla.
Autre temps, autres moeurs, dans un peloton qui comptait l'équivalent de quarante coureurs potentiellement supérieurs à Merckx. On pensait qu'ils étaient oubliés. Nibali et Majka, cornaqués respectivement par Alexandre Vinokourov et Bjarne Riis, élevés dans la culture EPO-tranfusion de l'ère Jaskula, se moquent comme de colin-tampon de Poulidor et des p'tits Français.
Ils nous font une piqûre de rappel dans ce Tour dont la moyenne horaire prévisible à Paris sera de plus de 40 km/h. Elle ne sera pas due qu'aux enfants de choeur de Poulidor.
Cette page a été mise en ligne le 29/07/2014