Le Tour de France 1996 est la grande oeuvre de Cecchini et de son pur-sang Bjarne Riis, un cheval au sang bourré d'EPO. Selon Jef d'Hont, le médecin de la Telekom, avec qui Riis refuse de travailler, le danois prend des doubles doses d'EPO 4000 tous les jours pendant le Tour. Il est "accro à l'EPO". Il prend aussi de l'hormone de croissance et de la cortisone. Il confiera aussi à Tyler Hamilton avoir complété le traitement par trois transfusions sanguines, lui permettant de gagner 3% d'hématocrite en plus. Résultat son hématocrite grimpe à 60, voire 64% . Dans l'ascension d'Hautacam, alors que les Festina plafonnent à un misérable 54% d'hématocrite, Riis sidère le peloton en se baladant littéralement du haut de ses 479 watts. Et il peut avoir l'esprit tranquille : au matin de la 12ème étape du Tour de France, alors qu'il est maillot jaune depuis trois journées... il n'a toujours pas subi le moindre contrôle antidopage. De toute façon, l'EPO n'est pas détectable.
1997 :
Toujours boosté par l'EPO, il ne termine que 7ème du Tour de France.
2001 :
Il embauche Michael Rasmussen et Laurent Jalabert. En avril, Bo Hamburger est contrôlé positif aux à l'EPO mais est sauvé par un échantillon B négatif. Selon lui, c'est à la demande de Bjarne Riis qu'il a acheté de l'EPO auprès de Jorg Jaksche. Plusieurs coureurs témoigneront devant une commission d'enquête danoise s'être fait administrer du Synacthène par les médecins d'équipe, sur les instructions de Riis. Selon Michael Rasmussen, c'est le manager danois qui l'aurait mis en relation avec le Dr Eufemiano Fuentes.
2007 :
A l'issue du Giro remporté par Danilo Di Luca, il propose un contrat de 1.800.000 euros au coureur italien. Las, la transaction ne se fera pas : Di Luca étant suspecté de dopage.
2013 :
En mars, il devient directeur général de l'équipe Saxo-Tinkoff, en plus de sa fonction de manager.
Visé par une enquête de la part de l’Agence danoise antidopage sur ses liens avec Tyler Hamilton, Laurent Jalabert ou Jan Ullrich, il préfère quitter le Tour de France. En fin de saison, il vend son équipe à Oleg Tinkov qui le conserve comme manager général.
En décembre, il vend son équipe à l'homme d’affaires russe Oleg Tinkov et l'équipe devient "Tinkoff-Saxo".
2015 :
Selon Thierry Vildary, lors de Milan San Remo, il refuse l’accès des carabinieri au bus Tinkoff.
Ce qui devait arriver arriva, Oleg Tinkov le suspend le 23 mars, d'abord à titre provisoire, pour manque de résultats.
Le 22 juin, son ancien poulain, Nicki Sorensen, voyant poindre la publication du rapport de l'ADD (Agence AntiDopage danoise), avoue s'être dopé. A la fin de sa carrière, Bjarne Riis l'avait nommé directeur sportif. Le lendemain, le fameux rapport de l'ADD (Agence AntiDopage danoise) établit que Riis était parfaitement au courant des pratiques dopantes des coureurs de l'équipe CSC.
Il propose ses services à l'équipe MTN-Qhubeka, mais son directeur général, Brian Smith, décline la proposition. "Nos valeurs ne sont pas cohérentes avec son histoire", déclare-t-il.
2016 :
En novembre, il devient co-propriétaire de l'équipe féminine danoise Virtu Pro-Veloconcept avec son ami l’homme d’affaires danois Lars Seier Christensen. L'objectif annoncé est la montée vers le WorldTour en 2018.
2020 :
En janvier, il annonce entrer pour un tiers dans le capital de l'équipe NTT Pro Cycling (ex-MTN-Qhubeka, ex-Dimension Data) avec ses partenaires Lars Seier Christensen et Jan Bech Andersen. Il doit aussi embauchee dans l'équipe encadrante Michael Rogers, ancien patient du Dr Ferrari. L'affaire n'ira pas plus loin que ces annonces. Il quitte l'équipe en novembre 2020.
2022 :
Il vit en Suisse, retiré du monde du cyclisme, situation qu'il officialise en décembre 2023.
Il a dit
2007
« J'ai pris des substances prohibées, j'ai pris de l'EPO. (...) Je les ai achetées moi-même et je les ai prises seul. (...) En fin de compte ce sont les cyclistes eux-mêmes qui doivent assumer leurs responsabilités. » (Conférence de presse, le 25/05/2007)
« Je suis heureux dans ce sport. J’ai le sentiment que j’ai encore un avenir dans le cyclisme et que j’ai des choses à donner. » (lequipe.fr, 01/07/2013)
2020
Après l’annonce de son retour en tant que patron de l’équipe NTT Pro Cycling : « Si quelque chose se passe dans mon équipe, je sais parfaitement que la première personne qui sera visée, ce sera moi. C’est une immense responsabilité. Si je faisais une erreur maintenant, ça ruinerait le vélo, ça me ruinerait moi et ça ruinerait ma famille. Je sais juste que je veux agir correctement et que je ne ferai plus jamais les mêmes erreurs. Si c’est le cas, je veux bien que l’on me mette en prison. » (nieuwsblad.be, 24/01/2020, cité par rtbf.be, 24/01/2020)
2022
« Je suis fier d'avoir gagné le Tour ! Mais toutes les polémiques m'ont fait beaucoup de mal aussi. Je pense que quand j'ai été coureur cette année-là, le cyclisme était comme ça, les circonstances étaient comme ça, le vélo était comme ça. Moi, je n'aime pas cette époque, ce n'était pas beau, pas beau du tout. Mais dans ces circonstances, malgré tout, j'ai gagné le Tour. Et (...) il faut être fort pour gagner le Tour. Je n'ai jamais vu un gars faible gagner le Tour. À cette époque comme à d'autres, dopage ou non, tous les coureurs ont souffert comme des bêtes pendant le Tour. » (ouest-france.fr, 30/06/2022)
2023
« J'ai reconnu mes erreurs et je suis passé à autre chose, mais ce n'est pas parce que j'ai fait quelque chose de mal une fois que je suis une mauvaise personne. » (cyclingnews.com, 05/12/2023)
Ils ont dit de lui
2007
Jef d'Hont, son ancien soigneur : « Ce n'est pas Monsieur 60 % qu'il aurait fallu le baptiser, mais Monsieur 64 %. (...) [Son sang était] épais comme un sirop visqueux. (...) A chaque instant, il aurait pu mourir d'une crise cardiaque. » (Memoires van een wielerverzorger, 03/2007, cité par liberation.fr, 28/05/2007)
Tyler Hamilton : « Le plus étonnant, c’était le cours de sa carrière. Passé à 27 ans du statut de coureur ordinaire à celui de coureur exceptionnel. Quand on voyait Riis et les dizaines de types comme lui qui constituaient le peloton, on ne pouvait que se poser des questions (…). Plus tard quand il m’a demandé quelles étaient nos méthodes chez US Postal, j’ai menti. J’ai fait le nigaud, j’ai dit que nous n’avions pas de méthode particulière (...). Bjarne s’est enfoncé dans son transat. Il a avalé une petite gorgée de vin. "As-tu déjà essayé la transfusion, Tyler ? Il faut que tu essaies. Ca va te plaire". » (Tyler Hamilton, La course secrète, 2013)
2014
Christophe Bassons : « Il n'est pas acceptable que des gens comme Bjarne Riis soient encore dans le sport au moment où nous essayons de restaurer la crédibilité du cyclisme. » (ww.telegraph.co.uk, 04/07/2014)
Marcel Kittel, coureur : « Des personnes comme Vinokourov ou Riis attirent l'attention vers le dopage. Les gens comme eux contribuent au fait qu'à ce jour, le cyclisme est toujours perçu comme suspicieux. » (Frankfurter Allgemeine Zeitung, 26/12/2014, cité par lequipe.fr, 26/12/2014)
2015
Michael Ash, directeur de la Commission anti-dopage danoise (ADD) : « Le management de l'équipe [CSC], Bjarne Riis en tête, avait au minimum connaissance du fait que le dopage existait chez eux, et rien n'a été fait. C'est tout à fait inacceptable. » (23/6/201523/6/2015)
2016
Oleg Tinkov, son ancien patron : « Je dirais que des gens comme Riis, Bruyneel et Vaughters doivent être bannis à vie du monde du vélo. Non seulement ils ont fait la promotion du dopage, mais ils en ont profité matériellement. Pour moi, c'est un crime. » (cyclingnews.com, 07/11/2016)
2018
Dominique Gaigne, ancien coéquipier : « Il y en a un qui m’a sidéré, c’est Bjarne Riis. On a été ensemble chez Toshiba, en 1988. J’étais plus fort que lui. Je dis ça sans prétention. Il avait toujours quelque chose. Il ne passait pas un talus. Et là, il va gagner le Tour. Je me suis dit : « Mais c’est quoi, ça ? Ah ben merde ! Qu’est-ce que j’ai raté ? » Si je continue le vélo et que je prends comme lui… je peux gagner le Tour ! Mais il y a un respect de soi et un respect des autres à avoir ! Des mecs comme ça devraient être radiés. » (Pierre Carrey et Luca Endrizzi, Secrets de maillots jaunes - Hugo Sport, 2018)
2020
Christian Prudhomme, directeur du Tour de France : « Il m'a envoyé un message en disant qu'il regrettait ce qu'il avait pu dire sur le Tour de France il y a quelques années notamment (...) qu'il ne savait plus où était son maillot jaune. Le passé, (...) on ne pourra jamais le changer. On peut toujours espérer que demain ça aille mieux. » (Présentation du départ de la Grande Boucle au Danemark en 2021, 04/02/2020, cité par lematin.ch, 04/02/2020)