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Bernard Sainz |
Bernard Sainz est un grand procédurier. Quand ce n'est pas la justice qui court après lui, c'est lui qui court après elle. "La justice m'a toujours donné raison", écrivait-il en 2000 dans Les stupéfiantes révélations du Dr. Mabuse. "J'ai déjà gagné 56 procès en diffamation", ajoutait-il en 2014 dans un entretien complaisant au Journal de l'Orne.
Nous n'avons pas retrouvé la trace de ces 56 procès mais avons tout de même pu retrouver 35 procédures dans lesquelles Bernard Sainz a figuré dans le box des accusés comme sur les bancs de la défense. Le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est pas toujours sorti vainqueur.
Dans un article publié dans Le Soir en 1999, l'auteur évoque un procès datant de 1976. Bernard Sainz aurait été amnistié.
Nous prenons cette information avec prudence car nous n'avons pas été capables de la croiser. Il pourrait s'agir d'une erreur, la référence exacte étant alors le procès de l'affaire des Six Jours de Bercy en 1986.
Selon une brève publiée dans L'Equipe le 26/11/1987, le docteur Mabuse aurait fait condamner le journal France Soir pour un article publié en 1982.
Nous n'avons pas été en mesure de vérifier cette information.
Plusieurs sources font état d'une interdiction d'accès de Bernard Sainz aux Six jours de Bercy 1985. Cette décision pourrait faire suite à une " mise en cause pendant le Tour de France cycliste 1985 ", ainsi que le précise Patrick Laure dans son livre Le dopage.
Selon L'Equipe du 18/11/1986, trois personnes auraient été interdites d'accès, sans toutefois préciser de nom.
Nous n'avons pas pu établir si cette décision était d'ordre disciplinaire ou judiciaire.
Le 01/07/1985, le magazine Le Point publie sous la plume de Jean Lesieur un article à charge intitulé " Les clients du docteur dopage ". Bernard Sainz n'y est nommé ni sous son nom véritable ni sous ses sobriquets habituels. Il est néanmoins facile de le reconnaître.
Le docteur Mabuse fait condamner le journaliste et le magazine à 1 franc de dommages et intérêts. Devant la maigreur de la peine et les attendus indulgents du jugement, ceux-ci décident de ne pas faire appel.
Un procès de gagné pour Bernard Sainz.
Le 14 novembre 1986, les inspecteurs de la Brigade des stupéfiants font irruption au POPB (Palais Omnisport de Bercy). L'enquête avait débuté deux ans plus tôt dans le milieu cycliste mais également hippique. Des produits interdits et notamment des amphétamines (Tonédron, Pertivin, Eubine) sont découverts. Dans la BMW de Patrick Charron, ancien coureur amateur et un des pourvoyeurs du réseau, on retrouve 700 boîtes d'amphétamines, une liste de coureurs et des documents menant à Joël Lacroix et Bernard Sainz. Une quarantaine de personnes sont entendues. Lacroix et Sainz se connaissent bien, le second ayant entraîné le premier dans une course de demi-fond lors des Championnats d'Ile de France 1977. Une collaboration fructueuse puisque Lacroix remporte le titre.
Jean-Pierre De Mondenard, dans un article publié dans le Quotidien du Médecin du 09/02/1987, avance qu'une perquisition effectuée au domicile de Sainz a permis la saisie de plusieurs produits dopants et notamment corticoïdes, hormones mâles et ACTH de synthèse, autant de produits indétectables par les contrôles antidopage d'alors.
Le 19 novembre, Patrick Charron, Joël Lacroix et le docteur Jacob Toledano sont inculpés d'infraction à la loi sur les stupéfiants. Bernard Sainz est inculpé d'escroquerie et d'exercice illégal de la médecine. Le faux médecin est incarcéré à la prison de la Santé à Paris. Libéré le 22/01/1987 contre une caution de 20 000 francs (3 000 euros), il lui est interdit de fréquenter les champs de course, l'homme exerçant également dans le milieu du cheval. C'est d'ailleurs en tant que propriétaire de chevaux qu'il est inculpé d'escroquerie.
Son nom étant sorti dans la presse, Bernard Sainz se fend d'un droit de réponse dans L'Equipe du 11/12/1986. Il y écrit que la police n'a trouvé chez lui " aucun produit stupéfiant (inscrit au tableau B) ". Les produits cités par le docteur de Mondenard ne sont pas inscrits au " tableau B ". Ça tombe bien. Dans le même droit de réponse, le docteur Mabuse ajoute : " Pourquoi aujourd'hui cet acharnement contre un homme et contre le cyclisme qu'il a incontestablement bien servi dans les années 70 ? ".
En plus du milieu cycliste, l'enquête s'intéressera au milieu hippique, ce qui vaudra à Jean-Manuel Muller d'être renvoyé devant le tribunal. Celui-ci signera quelques années plus tard un roman à clefs, Sulfur 4 Ch, dans lequel il dépeindra Bernard Sainz.
Le procès de Bernard Sainz, et de dix-sept autres personnes, se tient du 29/10/1990 au 31/10/1190 devant la 16ème Chambre du Palais de Justice de Paris. Mabuse est accusé d'escroquerie et exercice illégal de la médecine. Pendant les audiences, Jean-René Bernaudeau, ému aux larmes, raconte : " On n'est pas là pour se faire plaisir mais pour gagner de l'argent. A l'époque, une bonne tournée de critériums représentait 50 pour cent de mes revenus annuels... De plus, la loi nous oblige à rembourser le double de notre cachet en cas d'abandon. J'en faisais pas mal, jusqu'à 18 en 20 jours ". Le procureur de la République requiert deux ans de prison contre Sainz et seize mois contre Muller.
Le jugement est rendu le 14/11/1990. Des peines de prisons sont prononcées contre les organisateurs du réseau de dopage. Des coureurs, tels que Dietrich Thurau, sont condamnés à des amendes. Joël Lacroix est condamné à onze mois de prison. Bernard Sainz, quant à lui, est condamné pour escroquerie et exercice illégal de la médecine à un an de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant 3 ans avec interdiction de fréquenter les champs de courses ainsi qu'à une amende de 47.510,12 francs (7 250 euros). Ceci ne l'empêche pas de réussir à faire passer dans L'Equipe une version nettement plus positive que nous citons intégralement : " Bernard Sainz tient pour sa part à lever toute ambiguïté le concernant, dans l'" affaire " dite des Six jours de Bercy. Il déplore que les commentaires qui ont suivi les audiences n'ont nullement mentionné le fait qu'il avait bénéficié d'un non-lieu. Bernard Sainz pensait pouvoir prétendre après quatre ans d'une longue instruction à ce que soit clamée haut et fort sa totale innocence dans cette affaire de dopage. Par ailleurs, contrairement à ce qui a été déclaré, Bernard Sainz est tout à fait reconnu comme propriétaire par les sociétés de courses de chevaux et autorisé depuis bientôt vingt ans à faire courir sous ses propres couleurs ". La complaisance du journaliste de L'Equipe saute aux yeux. Mais c'est une autre histoire.
Le docteur Mabuse fait tout de suite appel. L'audience a lieu le 19/03/1991. Une témoin, préparatrice en pharmacie à Lamorlaye, haut lieu de l'hippisme, explique à la Cour que Sainz était un client régulier de son officine et s'était présenté comme médecin aux hôpitaux de Paris.
Le 16/04/1991, la Cour d'Appel relaxe Bernard Sainz du délit d'escroquerie, au bénéfice du doute, mais confirme sa condamnation pour exercice illégal de la médecine. Les écoutes téléphoniques ont en effet permis d'établir qu'il exerçait des diagnostics, prescrivait des traitements médicamenteux. Il est condamné à une amende de 50 000 francs (7 600 euros).
Estimant cette amende trop lourde au regard du code de santé publique, Sainz se pourvoit en cassation. La plus haute juridiction lui donne raison sur ce point le 09/12/1992 mais ne remet pas en cause sa culpabilité. Un nouveau procès en appel a lieu le 11/06/1993, après deux reports. L'amende est réduite à 8 000 francs (1 200 euros environ).
Cette décision est amnistiée, après paiement de l'amende, par la loi du 20/07/1988.
Le docteur Mabuse écrivait en 2000 dans Les stupéfiantes révélations du docteur Mabuse que "la justice [lui] a toujours donné raison". La formule est osée pour ne pas dire mensongère !
(...)
Le 9 février 1987, le docteur Jean-Pierre de Mondenard publie dans Le Quotidien du Médecin un article intitulé " Les traitements "homéopathiques" du pseudo-docteur Sainz ". Il y accuse Mabuse de prescrire des amphétamines et des diurétiques.
Bernard Sainz porte plainte pour diffamation. L'affaire est jugée en décembre 1987 par le Tribunal Correctionnel de Paris. Jean-Pierre de Mondenard est condamné à 3000 francs d'amende (450 euros environ) et à verser, conjointement avec la directrice de la publication du Quotidien du Médecin, 5000 francs de dommages et intérêts (750 euros environ). Les condamnés font appel.
La Cour d'Appel de Paris les condamne à nouveau le 26/04/1989 mais ramène l'amende à 2000 francs (300 euros) et les dommages et intérêts à 2500 francs (375 euros).
Jean-Pierre de Mondenard et Le Quotidien du Médecin vont en cassation. Le jugement en appel est cassé.
Le 20/09/1990, l'affaire est rejugée par la Cour d'Appel de Versailles. Le jugement est rendu le 18/10/1990 et, cette fois, il renvoie le docteur Mabuse dans ses vingt-deux mètres, la citation introductive d'instance ayant été remise à Jean-Pierre de Mondenard après le délai de prescription de dix jours. Le vrai docteur de Mondenard est donc acquitté tandis que le faux docteur Sainz est condamné à rembourser les frais de justice à son ennemi.
Bernard Sainz se pourvoit en cassation le 19/10/1990 mais sa demande est rejetée le 28/02/1991. Voilà donc un procès en diffamation que le docteur Mabuse a perdu, lui qui se vantait en 2014 d'en avoir gagné cinquante-six.
Le 19/11/1987, la 17ème chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris condamne pour diffamation le directeur de la publication de Le Journal du Dimanche et le journaliste auteur d'un article sur Bernard Sainz. Ils doivent lui verser des dommages et intérêts de l'ordre de 100 000 francs (15 000 euros).
Ce verdict n'a pas fait l'objet d'appel.
À la suite de l'affaire des Six Jours de Bercy, le journal pour turfistes Week-end publie dans son édition du 22/11/1986 un article dans lequel il rappelle qu'il avait dénoncé les agissements du " curieux soigneur " dans le milieu équestre dès 1978. Bien que le " pseudo-vétérinaire " ne soit pas nommément cité, il est aisé de reconnaître Bernard Sainz, ce qui le conduit naturellement à porter plainte en diffamation contre Edi 7, société éditrice du journal, Daniel Tenot, directeur de la publication, et Pierre Jotreau, auteur de l'article.
L'audience a lieu le 22/10/1987 devant la 17ème chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris. Sainz réclame 50.000 francs (7500 euros) de dommages et intérêts. Le jugement est rendu le 19/11/1987. Daniel Tenot et Pierre Jotreau sont condamnés chacun à 2.000 francs d'amende et solidairement à 5.000 francs de dommages et intérêts. La condamnation doit en outre être publiée dans trois publications choisies par Bernard Sainz. La société Edi 7 est également condamnée.
Les trois condamnés interjettent appel le 26/11/1987.
Nous n'avons pas pu vérifier si les condamnés ont été déboutés ou non de leur appel.
Le 16/10/1987, le quotidien L'Equipe relatant le procès de Laon reproduit des propos de Bernard Sainz accusant le docteur Jean-Pierre de Mondenard d'être à l'origine d'" une immonde dénonciation ". Au passage, le docteur Mabuse se drape dans sa virginité expliquant qu'il " attend d'un jour à l'autre la levée de [son] inculpation " dans l'affaire des Six-Jours de Bercy. Las, il sera condamné pour exercice illégal de la médecine.
Le vrai médecin ayant porté plainte contre le faux, ils règlent leur compte devant un tribunal en décembre 1990. Bernard Sainz ainsi que Guy Roger et Jean-Pierre Courcol, journalistes et patron de L'Equipe, sont condamnés à verser des dommages et intérêts à Jean-Pierre de Mondenard.
Nous n'avons pu vérifier si les condamnés avaient fait appel de la décision.
Suite au procès de Laon relatif à une affaire de trafic de produits dopants, Bernard Sainz se serait exprimé dans le journal L'Union et aurait mis en cause le docteur Jean-Pierre de Mondenard. S'estimant diffamé, celui-ci aurait porté plainte.
Selon une brève de L'Equipe du 07/12/1988, le Tribunal de Grande Instance de Reims rend une ordonnance de non-lieu.
Dans un mémoire que Bernard Sainz adresse au Tribunal de Grande Instance de Paris pour se défendre dans l'affaire Sainz-Lavelot, le faux médecin cite cette brève (qu'il date de façon erronée au 14/11/1988). Il se garde bien, en revanche, de citer sa condamnation par le TGI de Paris pour des propos similaires (voir ci-dessus).
Plusieurs articles de journaux publiés en 1999 au moment du déclenchement de l'affaire Sainz-Lavelot font état de deux condamnations de Bernard Sainz pour maltraitance de chevaux. Ces deux affaires auraient été jugées par la Cour d'Appel de Caen.
Il ne nous a pas été possible de vérifier cette information. Toutefois, selon nos informations, Bernard Sainz n'a pas attaqué en diffamation les auteurs de ces articles. Connaissant sa promptitude à réagir lorsqu'un article de presse lui déplait, il est plus que vraisemblable que cette information soit correcte.
Voir l'affaire 1989 Maltraitance de chevaux 1, ci-dessus.
Une des rhétoriques préférées de Bernard Sainz consiste à dire que les lois antidopage sont non seulement inefficaces mais aussi dangereuses dans le sens où elles inciteraient au dopage. Il s'en prend ainsi régulièrement aux listes de produits interdits qui seraient des catalogues où les apprentis dopés viendraient faire leur marché.
Dans son livre Les stupéfiantes révélations du Docteur Mabuse, Sainz écrit avoir porté plainte contre X et contre les pouvoirs publics pour " incitation à l'usage de produits dopants à l'occasion des compétitions, en application de la loi Bambuck ". Ladite loi avait été votée en juin 1989. Mabuse lui-même explique que la plainte a été rejetée au motif d'un dépôt trop tardif. Bref, une plainte qui ne servait à rien si ce n'est à fanfaronner.
Un article publié sur le site lesoir.be le 08/05/1999 fait état d'une poursuite en diffamation de Bernard Sainz contre le Dr Jean-Pierre de Mondenard suite à un article consacré aux " pseudo-soigneurs du milieu cycliste " que ce dernier avait publié dans un Sport et Vie.
Nous n'avons pas été en mesure de recouper cette information.
Serge Boyer était le propriétaire de l'appartement dans lequel Bernard Sainz habite aujourd'hui. Peut-être l'est-il d'ailleurs toujours. C'est aussi l'ex-époux de Maye Boyer (en réalité Marie-Yvonne Boyer) qui partage la vie du docteur Mabuse depuis 1996.
Bernard Sainz accuse Serge Boyer de s'être introduit le 19/07/1998 dans l'appartement qu'il occupait alors avec Maye Boyer. Aucune effraction n'aurait été commise. Serge Boyer y aurait subtilisé les flacons des fameuses gouttes du faux docteur pour les remettre aux policiers en charge de l'enquête sur l'affaire Festina.
Bernard Sainz affirme avoir porté plainte contre Serge Boyer qui aurait été condamné pour vol de documents.
Nous n'avons pas été en mesure de vérifier ces allégations.
Dans un article du 12/05/1999 (qui lui vaudra d'être poursuivi par Bernard Sainz), le Canard Enchaîné évoque des poursuites de la SPA contre le docteur Mabuse.
Nous n'avons pu en savoir plus.
L'affaire Sainz-Lavelot, du nom du docteur Mabuse et de son avocat Maître Bertrand Lavelot est de ces affaires qui, d'appel en cassation, n'en finissent pas. Il aura fallu plus de seize ans de procédure pour aboutir à un jugement définitif.
L'histoire débute le 13 juillet 1998 grâce à un renseignement fourni à la Brigade des Stupéfiants de Paris. Bernard Sainz est mis sous surveillance discrète. Le 7 mai 1999, il est interpellé vingt-quatre heures après Raphaël Martinez. Le champion de VTT est surpris en bas de chez Maître Lavelot à Boulogne, alors qu'il vient d'acheter pour 200 francs (30 euros environ) un flacon de gouttes au faux médecin. Lors de son interpellation, Bernard Sainz est porteur de 725 francs (110 euros environ) en espèces, de trois chèques dont deux émis par Philippe Gaumont et Charles Guilbert, d'un document comportant des mentions manuscrites se rapportant à un bilan sanguin axé sur le transport d'oxygène et d'un bon de commande de 5 flacons en verre auprès d'une pharmacie. Dans un premier véhicule immatriculé en Belgique, les enquêteurs saisissent sept flacons contenant un liquide identique à celui qui était en possession de Raphaël Martinez, une seringue, une boîte contenant de la poudre rosâtre et deux ampoules de Redoxon (vitamine C). Dans un second véhicule immatriculé au Luxembourg, étaient découvertes une plaquette de Survector, 4 boites de " Oleum Gratia Probatum " (complément alimentaire parfois appelé " huile de Harlem"), 5 fioles vides et deux en partie pleines. A son domicile d'Almenêches (Orne), on retrouve deux seringues de Diprostène, 100 capillaires héparinisés pour mesurer l'hématocrite et un dossier analytique supportant des références de laboratoire. A son domicile parisien et sur le lieu de travail de sa compagne, on saisit des flacons, des médicaments et des dossiers relatifs à des coureurs cyclistes et à des chevaux. Au domicile de Bertrand Lavelot dans lequel Bernard Sainz avait à sa disposition un bureau, les policiers saisissent 77 500 francs (environ 11 800 euros) et 900.000 francs belges (environ 22 300 euros), cinq flacons contenant notamment de la caféine, des seringues et aiguilles, un paquet de solution injectable de syncopal (médicament administré en cas d'insuffisance rénale), un flacon de testostérone, deux seringues contenant de la testostérone et de la bétaméthasone (corticoïde) ainsi que des documents se rapportant à l'affaire Festina, à Richard Virenque, à des protocoles de dopage, une sacoche appartenant à Sainz et contenant 10 ampoules de testostérone Propionat et 18 capsules d'huile de harlem.
Une vingtaine d'interpellations dans le milieu cycliste s'ensuivent et Sainz retourne en prison, qu'il avait déjà connue dans l'affaire des Six Jours de Bercy. Lorsqu'il ressort de la maison d'arrêt de Fresnes le 30/07/1999, il est placé sous contrôle judiciaire. Il a interdiction de quitter le territoire, de rencontrer des sportifs et de fréquenter des courses cyclistes. Ceci ne l'empêche pas de se pavaner aux Championnats du Monde à Plouay en octobre 2000. Déjà en juillet, il avait profité du Tour de France pour faire le tour de l'hexagone en dédicaçant son autobiographie Les stupéfiantes révélations du docteur Mabuse.
Au cours de l'enquête, il reconnait avoir conseillé (gratuitement) Raphaël Martinez pour son alimentation mais nie s'occuper d'autres cyclistes. Les grosses sommes d'espèces trouvées lors des perquisitions n'auraient aucun lien avec des faits de dopage mais lui auraient été remises par Bertrand Lavelot et proviendraient d'une société de courses de chevaux. Des sommes gagnées lors de procès en diffamation s'ajouteraient aux liasses de billet. Le pauvre homme entretenant des " relations difficiles " avec les banques, il ne préférerait conserver du liquide. Quant au chèque de Philippe Gaumont, il correspondrait à la rémunération de conseils juridiques.
Interrogé par les enquêteurs, Philippe Gaumont décrypte certains codes utilisés au téléphone (" Côtes " pour testostérone, " Bleu de méthylène " pour corticoïde, " Stérogyl " et " langue de serpent " désignant des produits dopants. Il dévoile aussi l'existence d'un accord verbal entre Bemard Saint et lui concernant la rétrocession d'une somme de 100 000 à 200 000 francs (15 000 à 30 000 euros) en cas de victoire dans une grande course.
Frank Vandenbroucke décrypte les codes de façon similaire à Philippe Gaumont : " monter une côte " pour " prendre de la Pantestone (testostérone) ", " boire du bleu de méthylène " pour " prendre un comprimé de Célestène (corticoïde) ", etc. Le coureur belge aurait versé 50 000 francs (7 600 euros) en espèces à son " gourou ".
Yvon Ledanois (aujourd'hui manager chez BMC) déclare avoir une confiance aveugle en Bernard Sainz en raison des soins qu'il aurait donné à l'un des enfants (le petit Kevin !). En cas de victoire importante, il devait verser 100 000 francs (environ 15 000 euros) au faux médecin. Les écoutes téléphoniques font apparaitre l'utilisation de codes que le coureur refuse d'expliquer : " côte ", " coca-cola ", " bleu de méthylène "... Laurent Roux, lui aussi, prenait des " côtes ". Alexandre Bizet, quant à lui, prenait des " côtes ", du " coca-cola " et du " bleu de méthylène ". Pour lui, les gouttes étaient soldées à 30 francs le flacon (à peine 5 euros, une misère).
Richard Virenque était conseillé par Bernard Sainz pour l'utilisation de Céphyl, de vitamine B12 injectable, de Stérogyl (un code ?) et d'aspirine pour fluidifier le sang (tiens donc !).
D'autres coureurs, comme Denis Dugouchet, Franck Morelle ou Charles Guilbert, le désignent comme conseiller dans l'utilisation de produits dopants ou masquants. Ils détaillent aussi son petit business : le droit d'entrée avait coûté 3 000 francs à Alexis Caron (un peu moins de 500 euros), le suivi à l'année coûtait 10 000 francs (environ 1 500 euros) à Franck Perque, les gouttes 300 francs (45 euros environ) le flacon à Stéphane Corlay, Mickaël Leveau, Anthony Morin, Michel Lallouet et Cyrille Bonnand, 500 francs (75 euros environ) à Jacky Durand, les consultations 200 à 300 francs (30 à 45 euros environ) à Pascal Peyramaure (dont la femme aurait été guérie de sa stérilité grâce à l'intervention experte du docteur Mabuse). Le docteur Mabuse se faisait aussi rémunérer en cas de victoire de ses poulains : 50 000 francs (7 600 euros environ), par exemple, pour Cyrille Bonnand.
Marc Madiot, pour sa part, le présente tout simplement comme un maître chanteur ! Bertrand Lavelot et Bernard Sainz " faisaient la pluie et le beau temps dans le peloton ", dit-il aux enquêteurs. Pire encore, il se dit victime de pressions de leur part, subissant un véritable chantage puisqu'ils connaissaient sa propre dépendance aux amphétamines.
Bernard Sainz ne se laisse pas déstabiliser par toutes ces accusations. La testostérone ? C'est pour ses chevaux (en micro-doses) et... sa consommation personnelle en vue d'améliorer ses capacités sexuelles. Sa jeune compagne est gourmande. La Pantestone et le Proviron ? Pareil. Ils sont destinés à aider à satisfaire sa belle. Moyennant quoi, pour en revenir au sport d'extérieur, sa motivation est d'introduire la médecine douce dans le cyclisme. Le Syncortyl ? C'est pour sauver des vies en cas de chute de tension. Les seringues ? Elles avaient été utilisées plusieurs années auparavant mais voilà, il ne jette rien. L'argent ? Il n'a jamais passé d'accord financier avec les coureurs. Quant à ses compétences, elles ne s'arrêtent pas à l'homéopathie et à l'ostéopathie. Il dispose aussi d'une " très haute technicité notamment en biomécanique ".
Le 27 février 2002 au matin, le faux médecin se fait flasher sur l'autoroute de Gand en Belgique alors qu'il roule au volant d'une Volvo immatriculée au Luxembourg. Il explique aux policiers revenir de Lebbekke, où il a passé la nuit chez son ami Frank Vandenbroucke. Au passage, il se présente comme homéopathe diplômé, exerçant aussi l'acuponcture. Il explique sa présence en Belgique par le fait qu'il s'occupe de Frank Vandenbroucke, Nico Mattan et David Debremaeker. Ce dernier expliquera aux enquêteurs avoir dû verser 4 500 euros pour les conseils de l'homéopathe normand. Des produits suspects (petites bouteilles, seringues, une boîte vide de quatre ampoules de Syncortyl, trois ampoules de ce produit, une pochette de 13 tubes contenant une substance granuleuse) et 5601 euros en espèces sont retrouvés dans le véhicule de Sainz. Il est incarcéré à Termonde en Belgique. Il ressort le 11/03/2002 pour rejoindre une prison française où il est enfermé pour avoir enfreint son contrôle judiciaire. L'analyse des produits saisis dans la Volvo établira la présence d'harpagoside (anti-inflammatoire), de désoxycortone (corticoïde) et de Syncortyl (cortisone). Ce dernier produit était destiné à sa consommation personnel, prétend-il.
Pas impressionné par sa mésaventure belge, Bernard Sainz assiste au départ du Tour de France le 1er juillet 2002. Il a été invité par... Nico Mattan. Il faut dire qu'il avait débuté l'année en fanfare en s'asseyant sur son contrôle judiciaire pour assister au départ de Paris-Nice à Issy-Les-Moulineaux.
Tandis que l'enquête se poursuit, le docteur Mabuse défraye à nouveau la chronique en se glissant dans le staff de l'équipe du VC Beauvais au Tour du Cameroun 2003, au nom de " l'intérêt supérieur du cyclisme (sic) ". L'accréditation avait été demandée aux organisateurs par Marc Freze, le directeur sportif du club de Beauvais. Il déclare au journal Le Parisien du 22/02/2003 : " Quant au pourquoi du non-respect d'une décision judiciaire que je qualifie d'absurde, il faut la rechercher dans le désir d'un homme qui entend ne pas se laisser anéantir par une astreinte à sa liberté de circulation alors que le dossier à l'origine de son suivi par les autorités judiciaires s'est vidé de sa substance, sans que le contrôle n'en soit assoupli ".
Le procès a finalement lieu le 26/03/2008 devant la 31ème chambre du Tribunal Correctionnel de Paris. Le jugement est rendu le 11/04/2008. Lavelot est relaxé. Sainz, en revanche, est condamné à 3 ans de prison, dont 18 mois fermes, pour :
Bernard Sainz doit en outre verser un euro de dommages et intérêts au Conseil National de l'Ordre des Médecins et à la Fédération Française de Cyclisme. Le jour-même, il fait appel de cette décision. Au journal de 20h de France 2, il réitère ses dénégations (à partir de 31'13'') :
Le procès en appel se tient le 05/11/2009 devant la Cour d'Appel de Paris. Ayant fait valoir la maigre retraite qui lui permet de subsister, Bernard Sainz bénéficie de l'aide juridictionnelle totale. Devant la Cour, il se dit opposé au dopage et affirme qu'il souhaitait que le dopage soit éradiqué des compétitions. Au passage, il se flatte d'être l'ami de Raymond Martin dont il a la confiance. On imagine aisément qu'il a omis de rappeler aux magistrats le contrôle positif du coureur normand lors du Tour de l'Avenir 1982. Pour sa défense, il est incapable de produire le moindre diplôme d'ostéopathe ou d'homéopathe qu'il affirme pourtant détenir. Devant les caméras de l'AFP, il est moins disert qu'à l'époque du procès en première instance :
La Cour d'Appel rend son jugement le 18/03/2010. Bernard Sainz est à nouveau condamné, cette fois à deux ans d'emprisonnement dont 12 mois avec sursis pour " infraction au règlement sur le commerce ou l'emploi de substances vénéneuses ", " aide et incitation à l'usage de produits dopants " et " exercice illégal de la profession de médecin ". Il se dit " scandalisé " par cette décision et se pourvoit en cassation. " Je ferai éventuellement une demande devant la Cour européenne des droits de l'Homme car c'est complètement absurde ", ajoute-t-il.
Deux ans plus tard, le 15/06/2011, la Cour de Cassation remet sa décision. Elle confirme le jugement de la cour d'appel, sauf pour le chef d'accusation de détention de diprostène, syncortyl, testostérone et corticoïdes ainsi que pour la peine.
La Cour d'Appel doit donc entendre une nouvelle fois Bernard Sainz qui joue la montre. L'audience est repoussée du 26/06/2012 au 26/03/2013, puis au 12/11/2013, puis au 14/05/2014 et enfin au 01/07/2014. Cette fois, la Cour d'Appel ne doit le rejuger que pour le chef d'accusation cassé (détention de diprostène, syncortyl, testostérone et corticoïdes) et pour fixer sa peine. Elle remet son verdict le 30/09/2014. Elle le déclare coupable du délit de détention de diprostène, syncortyl, proviron, testotérone et de corticoïdes. Pour ces faits, ainsi que pour l'aide et incitation à l'usage de produits dopants, l'exercice illégal de la profession de médecin, il est condamné à 2 ans de prison dont 20 mois avec sursis. L'affaire aura duré suffisamment longtemps pour que les media, sans doute épuisés, ne se fassent pas l'écho de cette condamnation.
Le 03/10/2014, Bernard Sainz se pourvoit une nouvelle fois en cassation mais la plus haute juridiction française siffle la fin de la récréation un an plus tard, le 13/10/2015. La condamnation du docteur Mabuse devient définitive.
Toutes mes affaires ont un point commun. Elles démarrent sur les chapeaux de roues, puis ressemblent à un ballon de baudruche qui se dégonfle inévitablement , déclarait Bernard Sainz au Journal de l'Orne le 21/08/2014. Raté.
L'arrestation en 1999 dans le cadre de l'affaire connue sous le nom de " Sainz-Lavelot " de Maître Bertrand Lavelot et Bernard Sainz a eu des répercussions sur leur activité de propriétaire de chevaux.
Le 10/05/1999, le Ministère de l'Intérieur demande à France-Galop, qui organise les courses de galop en France, de retirer leur agrément pour faire courir des chevaux. Il faut dire qu'en plus de leur implication présumée dans cette affaire de dopage, leur pur-sang Seba Le Rouge avait été déclaré positif à deux reprises en 1998 et interdit de courir pendant six mois.
Bertrand Lavelot saisit le Tribunal Administratif le 05/01/2000 pour demander l'annulation de cette décision après s'être vu refuser un recours gracieux. Le Tribunal lui donne raison le 07/02/2003 au motif que même s'il a pu se défendre devant France-Galop, il n'a pu le faire devant la police des courses à l'origine de la décision du Ministère de l'Intérieur.
Dans son livre Les stupéfiantes révélations du Docteur Mabuse, publié en 2000, Bernard Sainz assurait avoir saisi lui aussi le Tribunal Administratif contre le Ministère de l'Intérieur, d'autre part. Selon nos informations, il aura en fait attendu la décision positive pour Bertrand Lavelot pour lancer à son tour, le 09/09/2003, un recours devant le Tribunal Administratif. Au passage, il réclame la coquette somme de 471 275 euros en réparation du préjudice subi. De son côté, Bertrand Lavelot se contente de réclamer 109 000 euros.
En cohérence avec la décision en faveur de Bertrand Lavelot, le Tribunal Administratif donne raison sur le fond à Bernard Sainz le 20/12/2006. En revanche, il rejette la demande de réparation des deux hommes.
Suite à leur arrestation dans le cadre de l'enquête sur l'enquête connue sous le nom de " Sainz-Lavelot ", Bernard Sainz et son avocat Maître Bertrand Lavelot se voient retirer par France-Galop, qui organise les courses de galop en France, leur agrément pour faire courir et entraîner leur pur-sang Seba Le Rouge.
Ce cheval avait par ailleurs été déclaré positif en 1998 et interdit de courir pendant six mois.
Dans son livre Les stupéfiantes révélations du Docteur Mabuse, Bernard Sainz assure avoir saisi, en compagnie de Bertrand Lavelot, le Tribunal de Grande Instance contre France-Galop, d'une part, et le Tribunal Administratif contre le Ministère de l'Intérieur, d'autre part.
Nous n'avons pas été en mesure de retrouver trace d'une décision du Tribunal de Grande Instance dans cette affaire.
Dans son livre Les stupéfiantes révélations du Docteur Mabuse, Bernard Sainz affirme avoir traîné Philippe Amaury, patron de L'Equipe et Le Parisien, devant le Tribunal de Bobigny pour avoir " porté atteinte à [son] honneur et à [sa] considération. Il n'avance aucun verdict.
Nous n'avons pas été en mesure de recouper cette information.
Le quotidien Le Monde publie le 13/05/1999 deux articles écrits par Philippe Broussard et Philippe Le Coeur sur l'affaire Sainz-Lavelot qui vient d'éclater.
Bernard Sainz poursuit Le Monde en diffamation ainsi que Jean-Marie Colombani, directeur de publication et les deux journalistes. Pour la petite histoire, le docteur Mabuse sera condamné dans cette affaire.
L'audience a lieu le 21/04/2000 puis le 26/05/2000 devant la 17ème chambre correctionnelle de la presse du Tribunal de Grande Instance de Paris. Bernard Sainz réclame 45000 euros en réparation du prétendu préjudice. Marc Madiot vient témoigner en faveur de Bernard Sainz. Il affirme que le faux médecin ne lui aurait prescrit que des tisanes. S'il faisait appel à lui, ce n'est qu'à cause de l'absence de diététiciens et d'homéopathes dans le milieu sportif.
Le jugement est rendu le 26/05/2000. Bernard Sainz est débouté, le tribunal relevant la qualité du travail des auteurs et leur absence d'animosité. Le 30/05/2000, comme à son habitude, le docteur Mabuse fait appel.
Cet appel est repoussé de mois en années, dans l'attente du jugement de l'affaire Sainz-Lavelot. Finalement, l'audience a lieu le 30/10/2008. Yvon Ledanois vient devant la Cour d'Appel témoigner en faveur de Sainz. Philippe Gaumont et Pascal Peyramaude, en revanche, se sont fait porter pales. Sainz réclame 45.000 euros de dommages et intérêts.
La Cour d'Appel qui rend son jugement le 18/12/2008 renvoie Sainz dans ses 22 mètres. Il est débouté de toutes ses demandes et les prévenus sont relaxés. Encore un procès en diffamation perdu.
Suite à une plainte en diffamation de Bernard Sainz, le Canard Enchaîné se retrouve devant la 17ème chambre correctionnelle de la presse du Tribunal de Grande Instance de Paris. Le parquet plaide la relaxe mais le palmipède est condamné en juillet 2000 à 20 000 francs d'amende (3 000 euros environ) et autant de dommages et intérêts.
Selon nos informations, le Canard aurait gagné en appel.
Quand il ne hante pas les tribunaux pour des affaires liées au sport ou chevaux, Bernard Sainz réussit l'exploit de s'y retrouver pour une histoire débutant par un banal conflit de voisinage.
C'est ainsi qu'il est condamné le 19/01/2001 par le Tribunal de Police d'Argentan à 19 amendes de 300 francs (45 euros) chacune pour avoir :
On reconnait bien là le Monsieur Bernard anar qui laisse divaguer ses animaux non vaccinés dans le pré du voisin.
Evidemment, Bernard Sainz s'empresse de faire appel et se retrouve donc devant la Cour d'Appel de Caen le 08/10/2001. Patatra, celle-ci confirme le premier jugement et prononce même la contrainte par corps.
Lors d'une émission diffusée sur TF1 en 2000, Jean-Pierre de Mondenard accuse Bernard Sainz d'avoir, en 1973, fourni des produits dopants à un coureur.
Le docteur Mabuse porte plainte pour diffamation.
Selon le faux médecin, Jean-Pierre de Mondenard aurait été condamné en première instance et en appel.
Le 27 février 2002 au matin, Bernard Sainz se fait flasher sur l'autoroute de Gand, en Belgique. Au volant de sa Volvo immatriculée au Luxembourg, il roulait à 98 km/h au lieu de 70. Arrêté par la police, Sainz n'est pas en mesure de présenter d'attestation d'assurance. Les policiers fouillent le véhicule. Ils découvrent des produits suspects (petites bouteilles, seringues, une boîte vide de quatre ampoules de Syncortyl, trois ampoules de ce produit, une pochette de 13 tubes contenant une substance granuleuse) et 5601 euros en espèces. Emmené au poste, il explique aux policiers revenir de Lebbekke, où il a passé la nuit chez son ami, le coureur belge Frank Vandenbroucke. Les produits seraient homéopathiques.
La police dépêche une équipe chez Vandenbroucke. Lors de la perquisition, ils découvrent de l'EPO, de la morphine, des hormones de croissance, des amphétamines et du clenbutérol. En garde à vue, le coureur restera évasif se bornant à expliquer que le clenbutérol était destiné... à son chien.
La police effectue également une perquisition au domicile de Nico Mattan, ami des deux hommes. Elle retrouve des conseils écrits de la main de Sainz.
Au terme de sa garde à vue, Sainz est mis en examen pour détention de produits illégaux et incarcéré. Le 5 mars, la chambre du conseil du tribunal de Termonde décide de le maintenir en détention en raison de la gravité des faits et du risque de récidive. Il sort finalement de prison le 8 mars mais ne retrouve pas la liberté pour autant. En effet, en raison de son implication dans l'affaire Sainz-Lavelot, il était de longue date sous contrôle judiciaire. A ce titre, il lui était interdit de quitter le territoire français, de se rendre à Paris, d'assister à des courses cyclistes et de rencontrer d'autres personnes entendues dans le cadre de l'instruction, dont Frank Vandenbroucke. Il est donc à nouveau incarcéré.
L'analyse des produits saisis dans la Volvo établira la présence d'harpagoside (anti-inflammatoire), de désoxycortone (corticoïde) et de Syncortyl (cortisone). Ce dernier produit était destiné à sa consommation personnel, prétendra Sainz.
Frank Vandenbroucke sera jugé en novembre 2004 par la justice belge. En revanche, il semble que Bernard Sainz n'ait jamais été jugé en Belgique.
En octobre 2002, un employé d'un haras de l'Orne, dont Sven Pauwels est responsable, l'accuse de doper ses chevaux. Parallèlement, Jacques Augé, connu dans des affaires de dopage de chevaux et de courses hippiques truquées, fait l'objet d'une surveillance par les policiers de Versailles. Placé sous écoute, les policiers découvre qu'il est en relation avec Bernard Sainz. " Les écoutes téléphoniques montraient que, manifestement, les prévenus se concertaient régulièrement pour administrer, avant des courses hippiques, des produits de nature à doper la performance de leurs chevaux ", lira-t-on plus tard dans le jugement en appel.
Concernant plus particulièrement Bernard Sainz, les écoutes mettent en évidence ses liens avec de nombreux sportifs, notamment cyclistes. Il se fait régulièrement adresser les résultats d'examens médicaux et conseille des traitements à base de régime alimentaire et de gouttes " de sa composition " vendues environ 60€ le flacon et toujours payées en liquide. Bien que n'étant titulaire d'aucun diplôme reconnu, il se targue de " vraies guérisons obtenues dans la continuité des échecs de la médecine allopathique " pour attirer sa clientèle. Le faux-médecin exerce ses talents dans différentes spécialités : obésité, diabète, cholestérol, palpitations cardiaques, cancer de la prostate, problèmes de thyroïde, infertilité. Dans sa famille, il n'hésite pas à se faire qualifier de " médecin ", y-compris par sa filleule pourtant sage-femme. Il va sans dire que le fruit de son " travail " n'est déclaré ni au fisc ni à la Sécurité Sociale.
Des perquisitions effectuées en avril 2004 et en juin 2005 permettent la découverte de produits dopants chez les principaux suspects, sauf chez Bernard Sainz.
A la mi-juin 2005, Bernard Sainz est mis en examen. Il est laissé en liberté en échange d'une caution de 10.000 euros. Son contrôle judiciaire lui interdit de fréquenter des sportifs. Le 24/10/2005, il est incarcéré à Alençon pour non-paiement de la caution et rencontre avec des sportifs. Il est libéré le 12/01/2006 sous contrôle judiciaire.
Accusé d'exercice illégal de la médecine, travail dissimulé et mise en danger d'autrui (risque immédiat de mort ou d'infirmité) pour avoir prescrit l'interruption de traitements médicamenteux, il est jugé par le tribunal correctionnel d'Alençon qui rend sa décision le 08/12/2011. Bernard Sainz est condamné à 15 mois de prison dont 3 mois fermes et 7500 euros d'amende pour exercice illégal de la médecine. Toutes les parties font appel de cette décision.
L'audience du procès en appel a lieu le 12/12/2012. Le nécessiteux Bernard Sainz a demandé l'aide juridictionnelle. Il est défendu par Maître Stéphane Mesones. Celui-ci remet à la Cour des conclusions de nullité, notamment pour contester la régularité de la garde à vue de son client. Dans son jugement la Cour d'Appel, pourtant peu réputée pour son humour, prendra la peine de d'écrire : " De façon curieuse et confuse, ce prévenu a soulevé des exceptions de nullité touchant le déroulement de la procédure ". Ses conclusions sont déclarées " doublement irrecevables ".
Devant la Cour, Bernard Sainz soutient s'être contenté de donner " des conseils de grand-mère " sans procéder à des diagnostics médicaux et sans fournir de traitement, les potions et gouttes conseillées étant des procédés naturels et non des médicaments.
Dans son arrêt rendu le 27/02/2013, la Cour d'Appel de Caen relaxe Bernard Sainz de l'accusation de mise en danger d'autrui, l'enquête ne s'étant pas intéressée au devenir de ses " patients ". En revanche, la Cour le condamne à 3000€ d'amende pour exercice illégal de la médecine. Dans un entretien accordé à Ouest France en juillet 2014, Bernard Sainz affirme avoir déposé un pourvoi en cassation. Son pourvoi, pas plus que celui de la plupart des parties prenante, n'a pas été entendu. La peine est inscrite à son casier judiciaire. Elle est donc définitive et les recours épuisés.
L'arrêt rendu par la Cour d'Appel de Caen est disponible sur le site http://www.defensedescitoyens.fr. Nous le livrons à la lecture de nos visiteurs :
L'affaire commence en mars 2010 lorsque l'OCLAESP ouvre sur dénonciation une enquête préliminaire sur un éventuel trafic de produits dopants dont de l'EPO, de l'hormone de croissance, des anabolisants et des corticoïdes. Ce trafic serait localisé en Normandie. Une information judiciaire est ouverte pour « infractions relatives au dopage », les faits ayant eu lieu entre le 25/05/2007 et le 25/05/2010.
En décembre 2010, l'affaire, de son nom de code « Médi 14 » sort au grand jour avec l'interpellation d'une dizaine de personnes soupçonnées de faire partie d'un réseau. Quatre cyclistes amateurs (Romain Chan Tsin, Fabrice Taillefer, Patrice Baudin, Stéphane Belot), Nadège Duchatelle (épouse de Stéphane Belot), deux préparateurs en pharmacie (Christophe Very et Abdellah Al Saidi) et un médecin (Jean-Paul Lefèvre) sont mis en examen. Certains ont déjà été impliqués dans des affaires de dopage. C'est le cas de Fabrice Taillefer, 47 ans au moment des faits, ancien champion de France catégorie Ufolep, déjà suspendu dans des affaires de dopage.
Des perquisitions sont effectuées. Au domicile de Stéphane Belot, les enquêteurs retrouvent une très grande quantité de produits, dont des corticoïdes, des hormones de croissance et de I'EPO, ainsi que des seringues.
Au fil de l'enquête, d'autres cyclistes sont mis en examen. Fabien Taillefer est mis en examen le 03/03/2011. Il reconnait l'usage et le trafic de produits dopants dont de l'EPO et des hormones de croissance. Il déclare aussi aux enquêteurs s'être rendu avec son père à Almenêches, chez Bernard Sainz, pour soigner une tendinite. A cette occasion, le docteur Mabuse aurait expliqué le protocole de dopage aux hormones de croissance à Fabrice Taillefer.
Salva Vilchez, multiple champion de Bretagne, placé en garde à vue le 01/03/2011 est mis en examen le 03/03/2011. Les prélèvements d'urine effectués à cette occasion révèlent la présence d'EPO.
Dans une lettre adressée au SRPJ de Rouen le 16/06/2011, Fabien Taillefer accuse Bernard Sainz d'avoir donné des conseils à Stéphane Belot et à Romain Chan Tsin sur l'usage des produits dopants. Il ajoute que Stéphane Belot lui avait dit que Sainz lui remettait des ordonnances.
Réinterrogé par les policiers le 29/06/2011, Fabien Taillefer déclare avoir entendu parler d'un « droit d'entrée » de 2000€ qu'aurait versé Stéphane Belot à Sainz. Les deux hommes s'étaient encore rencontrés quelques jours avant l'interpellation du premier. Stéphane Belot niera avoir reçu de Bernard Sainz des conseils en matière de dopage. En revanche, il expliquera que Fabien Taillefer, Jonathan Duplessis, Romain Chan Tsin et Alexandre Bizet en avaient bien reçu, comme « plein d'autres » coureurs.
Entendu par les enquêteurs, le coureur amateur Romuald Desbois affirme que Bernard Sainz utilisait les services d'Alexandre Bizet pour livrer les produits dopants aux sportifs. Alexandre Bizet n'est pas un inconnu, il est déjà apparu comme client de Sainz dans l'affaire Sainz-Lavelot.
Bernard Sainz est entendu par les enquêteurs le 19/06/2012. Il déclare avoir remis des « gouttes homéopathiques » à Stéphane Belot qui lui avait été présenté par Alexandre Bizet. Il nie avoir expliqué un quelconque protocole de dopage à Fabrice Taillefer. Il réfute également les accusations de Fabien Taillefer et Romuald Desbois quant aux conseils de dopage qu'il aurait prodigués à Stéphane Belot.
Les enquêteurs interrogent donc à nouveau Stéphane Belot le 26/06/2012. Cette fois, celui-ci change de version et accuse Sainz de lui avoir fourni des produits masquants, sous forme de gouttes vendues 100 à 150 euros le flacon, ce qui lui avait permis d'échapper aux contrôles malgré sa consommation d'EPO, Pantestone, Kenacort et Disprotene. Sainz lui dictait en langage codé les protocoles pour prendre EPO, testostérone et hormones de croissance, ces produits étant désignés par des noms de substances homéopathiques. Pour accéder au savoir du faux médecin, il avait dû verser un droit d'entrée de 5000 francs (environ 750 euros) en espèces et ensuite un pourcentage sur les résultats acquis dans les belles courses. Il affirme aux enquêteurs : « Je m'expose beaucoup en disant tout cela. J'ai peur des représailles. Je ne pourrai pas être confronté avec lui. Je ne reviendrai pas sur mes dires. Pour moi, comme je vous l'ai dit, c'est un gourou ».
Le 08/01/2014, Bernard Sainz est mis en examen des chefs d'aide et incitation à l'usage de procédé dopant ou masquant par un sportif participant à une compétition ou une manifestation sportive.
Paul-Mikaël Menthéour est mis en examen le 24/02/2014. Il reconnait avoir fréquenté Bernard Sainz, qu'il connaissait à la fois comme naturopathe et conseiller en matière de dopage et qui lui aurait fourni des fioles de gouttes.
Lorsque les enquêteurs s'intéressent aux revenus du faux médecin, ils découvrent qu'il n'a déclaré aucun revenu en 2008 et 2009, et quasiment aucun à partir de 2010. En revanche, des espèces dont l'origine n'est pas connue sont régulièrement versées sur le compte de sa compagne Maye Boyer. Interrogée le 24/02/2014, elle déclare aux enquêteurs que les 65 000 euros versés sur son compte entre janvier 2008 et août 2013 proviennent de la rémunération de « patients » parmi lesquels des coureurs cyclistes.
Bernard Sainz est à nouveau convoqué par les enquêteurs le 04/03/2014. Il affirme avoir cessé toute activité depuis 2005 suite à ses ennuis judiciaires dans l'affaire Porzier. Nous pouvons affirmer de source sûre que cette affirmation est dénuée de tout fondement et que Bernard Sainz a poursuivi ses activités au moins jusqu'en 2015, voire 2016 comme le révèle de son côté l'enquête de Cash Investigation diffusée le 27/06/2016. Sainz préfère expliquer l'origine de ses espèces par des gains au jeu aux courses de chevaux. Malgré ses précédentes condamnations pour exercice illégal de la médecine, il se présente toujours comme titulaire d'un diplôme d'homéopathie-acupuncture-ostéopathie, qui ne serait pas officiellement reconnu. Pas de chance, ce diplôme aurait été saisi lors de précédentes perquisitions. Il ajoute qu'en 40 ans aucun sportif ne l'a accusé d'avoir fourni des protocoles dopants ou masquant. Il fallait oser. A l'issue de son interrogatoire, il est mis en examen.
Le 18/05/2014, l'affaire prend un tour tragique avec le décès de Stéphane Belot. Selon nos informations, il serait mort d'une surdose de cocaïne. A plusieurs reprises, il avait expliqué aux enquêteurs être dépressif. Son épouse confirme aux enquêteurs l'avoir accompagné à deux reprises chez Bernard Sainz et avoir entendu ce dernier citer des produits dopants en utilisant des noms de substances homéopathiques. Lors de son interrogatoire du 04/03/2014, Bernard Sainz avait nié avoir jamais rencontré la femme de Stéphane Belot.
Confronté aux Taillefer, Bernard Sainz continue de nier tout conseil en vue de doper des coureurs.
A l'issue de l'information judiciaire, le 20/06/2014, onze personnes, dont Sainz, sont mises en examen. Fidèle à sa réputation de procédurier, le docteur Mabuse dépose le 08/09/2014 une requête aux fins d'annulation de sa mise en examen. Par une décision du 24/02/2015, la Chambre de l'Instruction de la Cour d'Appel de Caen valide l'ensemble de la procédure et la mise en examen de Bernard Sainz.
Le procès s'est déroulé le 4 juillet 2017 devant le Tribunal Correctionnel de Caen. La procureure requiert contre lui six mois de prison ferme et 20.000 euros d'amende. Le jugement est rendu le 5 septembre 2017. Bernard Sainz est condamné à 9 mois de prison ferme et 20?000?€ d'amende, pour incitation au dopage. Il fait appel de la décision.
Bernard Sainz est jugé en appel le 12 décembre 2018 devant la cour d'appel de Caen. Il est extrait pour l'audience de sa cellule de Fleury-Merogis où il est en détention provisoire dans le cadre de l'affaire Cash Investigation. Pendant l'audience, le prévenu continue de clamer son innocence et se déclare « complètement étranger à ce trafic ». L'avocat général requiert une lourde peine de 30 mois de prison, dont 12 mois avec sursis, tout en précisant qu'il mériterait 30 mois fermes.
La cour d'appel rend son arrêt le 27 février 2019. La condamnation est finalement allégée?: Sainz est condamné à 12 mois de prison avec sursis et 2?000?€ d'amende. « Je m'attendais à être relaxé purement et simplement (...) Je ne peux pas être satisfait d'être condamné pour des faits inexistants dans une affaire de dopage » déclare-t-il en sortant de la salle d'audience.
Son pourvoir en cassation ne donne rien et la peine est confirmée en septembre 2020. Elle est définitive.
Le 11/11/2010, une dépêche de l'agence Reuters tombe sur les téléscripteurs. Elle annonce la condamnation en appel de Bernard Sainz dans l'affaire Saint-Lavelot. Le faux médecin a été condamné à deux ans de prison dont un ferme pour "détention de substances vénéneuses et de produits dopants", "exercice illégal de la médecine" et "facilitation d'usage de produits dopants".
Las, le journaliste de l'agence, Thierry Lévêque a écrit "détention ET CESSION de substances vénéneuses et de produits dopants", "exercice illégal de la médecine" et "facilitation d'usage de produits dopants". Il rappelle aussi que " La justice ne disposait pas de preuves matérielles mais d'écoutes téléphoniques et des dépositions de nombreux coureurs dont le Belge Frank Vandenbroucke, qui a qualifié Bernard Sainz de "gourou diabolique" l'accusant de faire commerce d'hormones de croissance, de testostérone, de corticoïdes et d'EPO ". Pire encore, il a rappelé que " l'affaire concerne un trafic de produits dopants en 1998 et 1999 ". Et ne reculant devant rien, il a présenté Bernard Sainz sous le pseudonyme infamant de " docteur Mabuse ".
On comprend alors que Bernard Sainz attaque en diffamation le journaliste, le directeur de la publication de l'agence et quatre organes de presse (capital.fr, laprovence.com, lexpress.fr, nouvelobs.com) qui ont reproduit la dépêche. Cinq informations judiciaires sont ouvertes simultanément (une contre l'agence et contre chacun des sites Internet).
Le jugement est rendu le 16/05/2014 par le Tribunal Correctionnel de Paris. La Cour a tout d'abord écarté d'un revers de main les griefs contre le sobriquet de " docteur Mabuse " et le rappel qu'il fut un " personnage du dopage dans le cyclisme des années 1990 ". En revanche, le journaliste a commis la maladresse de mentionner une condamnation pour " cession " de produits dopants. Cela lui vaut une condamnation pour " diffamation publique envers particulier, en l'espèce Bernard Sainz, faits commis le 18 mars 2010. Le directeur de la publication de l'agence Reuters est condamné pour " complicité de diffamation publique envers particulier ". Les deux hommes doivent verser chacun 600 euros d'amende et 400 euros de dommages et intérêts à Sainz. Celui-ci est néanmoins débouté de sa demande de publications judiciaires.
Dans les jugements parallèles, les directeurs de la publication de trois organes de presse (laprovence.fr, nouvelobs.com, lexpress.fr) sont relaxés au motif qu'ils n'ont faire que reproduite la dépêche de l'agence Reuters. Celui capital.fr, dont les journalistes ont vérifié l'information, est en revanche condamnés à 500 euros d'amende et 400 euros de dommages et intérêts. Thierry Lévêque, quant à lui, est quatre fois condamné à 150 euros d'amende et 400 euros de dommages et intérêts
En appel, renversement de tendance, les accusés ont finalement été relaxés et leur bonne foi établie. Bernard Sainz a tenté de se pourvoir en cassation mais sans succès.
Voir l'affaire 2014 Sainz contre Thierry Lévêque & Reuters, ci-dessus.
Voir l'affaire 2014 Sainz contre Thierry Lévêque & Reuters, ci-dessus.
Voir l'affaire 2014 Sainz contre Thierry Lévêque & Reuters, ci-dessus.
Voir l'affaire 2014 Sainz contre Thierry Lévêque & Reuters, ci-dessus.
Une information judiciaire contre X est ouverte 10 février 2017 en écho à la diffusion du documentaire Cash Investigation sur France 2 le 27/06/2016.
Le 20/11/2017, Bernard Sainz est arrêté à son domicile d'Almenêches par les enquêteurs de l?Office central de lutte contre les atteintes à l?environnement et à la santé publique (OCLAESP) et de la section de recherches de la gendarmerie de Caen. Son interpellation fait suite à commission rogatoire du juge d?instruction chargé du dossier. Son manoir est perquisitionné. Il est placé en garde à vue et mis en examen pour « exercice illégal de la médecine » et pour « incitation à l'utilisation, par des sportifs, de substances ou méthodes dopantes interdites ». Il effectue quatre mois de détention préventive à Fleury-Mérogis.
Le 20/03/2018, il est libéré sous contrôle judiciaire. Une importante caution aurait été demandée par la justice. Le 18/10/2018, il repart en prison à Fleury-Mérogis, faute d'avoir payé sa caution. Il y reste quatre mois et en ressort le 16/02/2019.
Dans son réquisitoire définitif du 06/09/2019, le parquet de Paris demande son renvoi en correctionnelle. Par une ordonnance 12/02/2020, Bernard Sainz est renvoyé en correctionnelle. Poursuivi pour « exercice illégal de la médecine en état de récidive légale », « exercice illégal de la profession de pharmacien » et « aide et incitation à l'utilisation de substance ou méthode interdite par des sportifs dans le cadre d'une manifestation sportive en état de récidive légale », il est jugé au tribunal de Paris du 22 au 29 novembre 2021. Il est accompagné dans le box des accusés par Loïc Herbreteau pour avoir mis en relation des sportifs avec le docteur Mabuse, et Pierre-Marie Carlier, pour avoir mis son fils Alexis Carlier, coureur cycliste, en contact avec Sainz « en vue d'améliorer ses performances sportives ».
Le 17/01/2022, Bernard Sainz est condamné à un an de prison ferme, sous bracelet, notamment pour « aide ou incitation à l'utilisation de substances ou méthodes interdites dans le cadre d'une manifestation sportive ». Il lui est en outre interdit d'exercer une profession dans les domaines du sport et de la santé, pendant 5 ans. Il devra également verser un total de 20000 euros de dommages-intérêts aux parties civiles, l'Ordre des médecins, l'Ordre des pharmaciens et la Fédération Française de Cyclisme (FFC). A la sortie du tribunal, il minimise sa peine : « Je note que le parquet avait réclamé deux ans et que je n'ai été condamné qu'à un an ferme non exécutoire ». Le jour même son avocat, Me Hector Bernardini, annonce qu'il va interjeter appel.
Bernard Sainz fera à nouveaux face aux juges de la Cour d'Appel de Paris à partir du 3 mars 2025.
Suite à la diffusion du documentaire Cash Investigation sur France 2 le 27/06/2016, Bernard Sainz annonce immédiatement porter plainte contre Elise Lucet et ses équipes pour « diffamation, introduction et maintien dans un système de données » ainsi que pour « vol de données et recel de vol de données ».
Le 06/10/2016, un site Internet proche du soigneur normand annonce que la plainte serait pour bientôt. Elle viserait, outre Elise Lucet, Sophie Le Gall, journaliste, auteure du reportage et Antoine Vayer, consultant. Un an plus tard et selon nos informations, aucune plainte n'a été déposée par Bernard Sainz. En revanche, il est placé en garde à vue le 20/11/2017 dans le cadre d'une information judiciaire lancée à la suite du reportage.
Le 16/10/2019, alors que la date de son procès dans l'affaire consécutive au Cash Investigation de 2016 n'est pas encore connue, il porte plainte contre les journalistes et le monteur de l'émission ainsi que contre Pierre-Henri Lecuisinier, Peter Pouly et Antoine Vayer. La plainte les accuse de « publication d'un montage réalisé avec les paroles et l'image d'une personne sans son consentement », « d'escroquerie aggravée », « d'association de malfaiteurs », « d'atteinte à la vie privée et au droit à l'image », de « violation du secret des correspondances numériques » et de « recueil de violation du secret des correspondances numériques ». Elle sera rapidement classée sans suite.
La justice reproche au « naturopathe » d'avoir employé un couple pour garder et entretenir son manoir d'Almenêches (Orne), une propriété comprenant 14 hectares de bois, et 2 000 à 3 000 m2 de pelouse. Le couple serait à son service depuis 1996 mais, par le jeu de la prescription, seule la période postérieure à 2014 sera évoquée au tribunal.
Selon le couple, ils occupent le logement depuis août 1996 en échange de quelques heures de travaux par jour (tonte de la pelouse, taille des arbres, entretien de parc, soins au cheval, etc.).
Le procès a lieu le 16 avril 2019 à Argentan (Orne). Pendant l'audience, Bernard Sainz déclare avoir agi par « altruisme envers ces braves gens » après que leur maison a été détruite par un incendie. Une fois de plus, il dénonce l'« acharnement » de la justice à son endroit.
Bernard Sainz est condamné à une amende de 15.000 euros. Selon son habitude, il interjette appel.
Il comparaît donc le lundi 29 août 2022 devant la cour d'appel de Caen. « À l'époque, j'ai fait preuve d'empathie quand l'appartement de ce couple a été détruit par un incendie, explique-t-il à la barre. Encore aujourd'hui, je n'imagine pas chasser ces pauvres gens ». L'avocat général requiert 15.000 euros d'amende, soit la même peine qu'en première instance. Le verdict tombe le lundi 3 octobre 2022 : il est condamné à 2.000 euros d'amende. Encore un procès perdu.
Le 27 juin, le magazine de reportages Cash Investigation sur France 2, associé au journal Le Monde, révèle qu'il est toujours bien actif dans le milieu sportif et en particulier cycliste. Dans des caméras cachées, on le voit prodiguer des conseils de dopage à des coureurs.
L'émission est à voir ou revoir ici :
Le 29 juin, Bernard Sainz est interrogé par Jean-Marc Morandini sur Europe 1. Il nie avoir incité ou aidé des sportifs à se doper et dénoncer une manipulation. Interview à retrouver ci-dessous :
Une information judiciaire contre X est ouverte 10 février 2017 en écho à la diffusion du documentaire Cash Investigation sur France 2 le 27/06/2016.
Le 20/11/2017, Bernard Sainz est arrêté à son domicile d'Almenêches par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) et de la section de recherches de la gendarmerie de Caen. Son interpellation fait suite à commission rogatoire du juge d'instruction chargé du dossier. Il est placé en garde à vue et son manoir est perquisitionné.
Dans son réquisitoire définitif du 6 septembre, le parquet de Paris demande son renvoi en correctionnelle dans l'affaire du Cash Investigation de 2016.
Allumant opportunément un contre-feu, Bernard Sainz porte plainte le 16 octobre contre les journalistes et le monteur de l'émission ainsi que contre Pierre-Henri Lecuisinier, Peter Pouly et Antoine Vayer.
Un ami collectionneur bien intentionné, m'adresse cette zolie photo des frères Madiot, en maillot "Subaru" (1993), encadrant Bernard avec sa belle casquette. Je ne sais pas qui est le grand blond derrière ? Vous savez ? pic.twitter.com/73q3rkYlW8
— ??ntoine VAYER ????? (@festinaboy) May 1, 2020
Le 17 juillet 2015, la CADF (Cycling Anti-Doping Foundation), responsable de la mise en oeuvre du Programme antidopage de l'UCI, adresse un courrier à tous les coureurs faisant partie du groupe cible de l'UCI. Ce courrier donne des informations sur le système de localisation ADAMS et sur les AUT, rappelle l'existence de la liste de produits interdits, l'interdiction des injections et "l'obligation des coureurs et du personnel d'encadrement du coureur de signaler toute circonstance qui viendrait à sa connaissance qui pourrait constituer une violation des règles antidopage, et de coopérer dans toute investigation ultérieure". En outre, il notifie l'interdiction d'" association d'ordre professionnel ou dans le cadre de l'activité sportive avec les personnes disqualifiées mentionnées " dans le courrier au premier rang desquels, un certain Bernard Sainz.
Lors de la course Paris-Camembert 2016, nous avons constaté que le docteur Mabuse n'allait pas directement au contact de coureurs, y-compris ceux qui collaborent avec lui, tels Kevin Ledanois. Le courrier de la CADF, que nous reproduisons plus bas, explique peut-être cela.
Toujours est-il qu'en dépit de cette interdiction formelle, de nombreux coureurs de haut-niveau, faisant partie du groupe cible, continuent à entretenir des liens avec le faux médecin normand. Ils ne pourront pas dire qu'ils n'étaient pas prévenus.
Dans un reportage diffusé en janvier 2008 sur la chaîne de télévision belge Canvas, Bernard Sainz est interviewé et explique quelques uns de ses préceptes. Le coureur belge revient également sur sa relation avec Bernard Sainz. A voir entre 1'40"" et 8'15".
Le reportage est en néerlandais mais plusieurs intervenant s'expriment en français.
Extraits :
Franck Vandebroucke : "J'ai eu et j'ai encore la conviction que les traitements de Monsieur Sainz étaient homéopathiques et naturels comme il me l'a dit, malgré mes doutes et la peur que j'ai de savoir ce qu'il m'a fait. J'espère ne pas m'être trompé, mais j'ai des doutes."
Alain Deloeuil : "La force de Bernard Sainz c'est qu'il a une très très forte influence sur les gens, et notamment sur les cyclistes. Il aurait dit à certains coureurs d'aller se jeter dans la rivière, certains coureurs l'auraient fait."
Franck Vandebroucke : "Quand vous voyez toutes les choses qu'il est capable de faire et toutes ses connaissances, cet homme-là c'est la science du vélo à lui seul."
Bernard Sainz : "La première fois que j'ai rencontré Franck, l'impression qu'il m'a fait c'est l'impression de vouloir s'investir peut-être encore plus en découvrant des préceptes, des principes méconnus de la médecine traditionnelle mais découvrir d'autres horizons et j'ai dû le garder au moins deux heures et demi pour l'interroger. Je lui ai posé des questions tellement étonnantes sur sa famille, sur son parcours, sur son passé, par exemple lorsqu'il rentrait dans un lit est-ce qu'il préférait avoir des draps chauds, tièdes ou froids. Est-ce qu'il sortait les pieds du lit. Ce sont plein de questions que les praticiens homéopathes posent pour connaître les particularités du tempérament d'un individu pour pouvoir leur donner des remèdes appropriés. Et toutes ces questions l'ont intrigué et je crois que c'est ce qui a établi un contact très fort lors de la première consultation et qui aujourd'hui encore demeure très présent."
Franck Vandebroucke : "il me soignait avec des plantes, dans ses bases de produit il y a du venin de serpent parce qu'on donne une substance vénéneuse pour évacuer les toxines du corps."
Bernard Sainz : "Nous avons besoin, parfois, de nettoyer l'organisme et je recommande très vivement des jeûnes avec absence totale d'alimentation pendant trois jours. Un grand coup de Kärcher et il a adhéré complètement à ces principes. C'est déjà une très grande épreuve non pas cycliste mais une épreuve qui me permet de tester les individus. S'ils arrivent à passer ce cap, on ressent leur motivation. Je sens l'individu très investi et je pressens une grande saison."
A suivre ici :
Bernard Sainz aime à se faire passer pour un médecin. Il a souvent été présenté comme tel par des journalistes peu rigoureux. C'est ainsi qu'il est présenté dans une émission de télévision, Plein cadre, diffusée en 1972 comme "Docteur Saincz" (à partir de 10'29'') :
Je suis diplômé en spécialité de médecine homéopathique et d'acuponcture, un diplôme obtenu en France et paradoxalement, il n'est pas reconnu (à partir de 15'20'') :
Outre que ce diplôme n'est pas reconnu, il apparaît que Sainz n'a, à notre connaissance, jamais produit ce diplôme mystérieux devant aucun tribunal.
Plus récemment, interrogé pendant le record du monde des 6 jours sur home-trainer de Pascal Pich en mai 2016, il est présenté comme le médecin du triathlète, ce qu'il se garde bien de démentir. (Vidéo à voir ici :
Pascal Pich, pour sa part, le présente comme étant son docteur :
Bernard Sainz a eu l'insigne honneur de se voir dédier une chanson. L'auteur en est Richard Fredon, un artiste-cycliste de l'Oise qui a également composé des chansons sur Franck Vandenbroucke et Philippe Gaumont, deux patients du docteur Mabuse. L'illustre naturopathe semble très satisfait du résultat puisqu'il envoie volontiers le lien aux journalistes qui souhaitent l'interroger.
Nos visiteurs peuvent se faire leur propre avis sur la chanson en lançant le lecteur ci-dessous ou en visitant sur le site du chanteur (ici).
Refrain :
On l'appelle,
Il s'en amuse,
On l'appelle,
Docteur Mabuse