On ne présente plus guère Richard Virenque, surnommé Taram par ses coéquipiers de la grande époque Festina. Taram, comme Taram et le chaudron magique. Même s'il reste étonnament populaire, il est devenu pour beaucoup le symbole du dopage dans le cyclisme. A l'insu de son plein gré, cela va sans dire. Pour ceux qui ne le connaitraient pas, voici quelques repères.
1994 : émeut son public en signant un chèque de 250.000 Francs (environ 38.000 euros), représentant le montant de ses primes du Tour de France, au bénéfice des victimes du génocide rwandais. On apprendra au cours de l'instruction de l'affaire Festina que ce montant venait en fait des caisses de la société Festina.
1995 : s'implique dans le comité de soutien de Jacques Chirac à l'élection présidentielle. L'emblême du futur Président est une pomme. Rien à voir avec une quelconque substance dopante. Des effets euphorisants sont toutefois décelables quelques temps plus tard. Il déclare ainsi juste avant le Tour de France : "Indurain ne me fait pas trembler." On ne peut en dire autant de la Colombie où se déroulent les Championnats du Monde. Il hésite longtemps avant d'y aller.
1998 : année de sa consécration. Plutôt habitué aux unes de L'Equipe, il fait une entrée fracassante à la une de journaux réputés sérieux comme Le Monde ou encore de nombreux "news-magazines" grâce à l'affaire Festina. Il envisage de s'offrir "de belles vacances au soleil" grâce aux procès qu'il compte intenter à ceux qui l'accusent de dopage. Il devient aussi une vedette des Guignols de l'Info sur Canal +. Un aperçu de cette été torride est consigné sur la page Actualités.
1999 : trouve refuge dans l'équipe italienne Polti et devient écrivain. En mai, il soigne une allergie au pollen en prenant un spray contenant des corticoïdes. On ne sait s'il a contracté cette allergie lors de sa garde à vue dans le cadre de l'affaire Sainz-Lavelot. Son équipe ne s'en emeut pas et le soulage de 100.000 FRF pour avoir eu recours aux service du bon Dr Mabuse.
2004 : passe pour un soir à l'Olympia pour annoncer la fin de sa carrière sportive. Il est invité par Nicolas Sarkozy sur le plateau de Vivement Dimanche.
2005 : aurait abandonné la littérature. Il est aperçu faisant du vélo auprès de Nicolas Sarkozy, ex et futur Ministre de l'Intérieur qui souhaite ainsi promouvoir la réinsertion des multi-récidivites du sport. Richard Virenque devient consultant auprès d'Eurosport. Son expérience d'écrivain et de cycliste en fait un témoin privilégié qui n'hésitera pas à dénoncer le dopage qui gâche le beau spectacle qu'est le Tour de France... Il aurait également été aperçu dans l'émission de télévision Fort Boyart sur une chaîne concurrente. Bel exemple de réinsertion.
2006 : poursuit sa réinsertion dans la téléréalité. On le voit dans "Je suis une célébrité, sortez-moi de là", qu'il remporte. Aucune suspicion de dopage ne viendra entacher cette victoire. Quelques mois plus tard, il tombe sur la tête.
2007 : bien remis, il se lance dans la campagne de Nicolas Sarkozy. Brigue-t-il un poste de Ministre des Sports ? C'est Roselyne Bachelot qui l'aura. Il rate aussi le secrétariat d'Etat aux sports. C'est Bernard Laporte qui en hérite. Peut-être Paris était-elle trop loin de la Suisse où il a trouvé refuge fiscal ?
2009 : en mai, son yacht, le "P'tit bonheur" brule et coule dans le port d'Hyères. Il rebondit dans la diététique en lançant une boisson énergétique dont il fait la promotion sur le Tour de France avec son conseiller communication et relations presse Emmanuel Potiron.
2013 : sur les traces de Gérard Depardieu, l'ancien exilé en Suisse, jette son dévolu sur la Belgique. Manifestement, il préfère l'impôt belge à l'impôt français. Auditionné à huis-clos par la commission d'enquête du Sénat, il développe, selon un sénateur, "toute une théorie du complot, [selon laquelle] il était le bouc émissaire qui avait servi à justifier la loi Buffet".
2018 : en fin d'année, Eurosport le pousse gentiment vers la sortie en lui proposant de renouveler son contrat avec une baisse de 60%. C'est la fin de sa carrière de consultant télévisuel. Depuis il a trouvé une place sur la station de radio Europe 1.
2021 : interrogé par le quotidien L'Equipe, il reprend la théorie du complot élaborée devant le Sénat en 2013.
2022 : son projet de complexe hôtelier à Carqueiranne est mis à la poubelle par le tribunal administratif de Toulon.
2024 : le 10 mai, il porte la flamme olympique. La devise olympique devient à cette occasion "Plus vite qu'avant - Plus haut qu'avant - Plus fort qu'avant".
Littérature
L'été 1998 lui ayant donné l'occasion de relâcher son entrainement sportif, Richard Virenque en profite pour prendre la plume. Résultat, l'année suivante sort en librairie "Ma Vérité". Il n'obtiendra pas le prix Goncourt mais la critique qu'en fit le site "cyclisme-dopage.com" resta pendant de long mois la page la plus visitée du site. Elle est toujours en ligne : cliquez ici ! Plus tard, à la page 136 de Plus fort qu'avant (voir ci-dessous), Jean-Paul Vespini écrit : "Au fond de lui-meme, Richard ne souhaitait pas la sortie de cet ouvrage, qu'il ne revendique pas aujourd'hui." Le rembourse-t-il ?
Lassé de la plume, il confie au journaliste Jean-Paul Vespini le soin d'écrire son second ouvrage intitulé Plus fort qu'avant. En clair, s'il ne s'était pas dopé, le varois aurait eu un palmarès autrement plus étoffé ! La lecture de son palmarès donne une autre impression !
Questionnaire de Proust
Extrait du livre Plus fort qu'avant (page 300), deux réponses de Virenque :
Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ? La Franchise Son premier livre où il expliquait ne jamais s'être dopage est un exemple de franchise, en effet !
La réforme que vous admirez le plus ? La suppression de la vignette auto ! No comment !
Un peu de poésie
Sous la plume de Jean-Paul Vespini dans Plus fort qu'avant, cette émouvante description de l'ascension de Courchevel lors du Tour de France 1997 :
"A 21 km du sommet, Courchevel retient son souffle. (...) Ca sent le règlement de compte, le hold-up de la banque, le fer rouge.
Virenque attaque. Ullrich répond.
(...)
Mais à quoi jouent-ils tous les deux ? (...) La course à l'intox, au bluff, le bras de fer impitoyable rythme leur ascension .
Et si Ullrich craquait ?
(...)
Courchevel l'appelle . (...) "Cours, chevalier Richard, hisse-toi la-haut, sur ton destrier blanc, empare-toi de la résidence des chefs d'Etat ! (...)"
Il se tourne vers Jan, il lui parle. (...) Mais que peuvent-ils se dire ? "Je lui demandais de collaborer, de me relayer. Je voulais qu'il produise des efforts plus intenses, qu'il se fatigue. Je me sentais fort et prêt à l'attaquer." (...)
Richard impose le rythme. Jan suit. (...) Il n'a pas assuré un relai jusqu'avant le dernier kilomètre du sommet. Lorsqu'il est passé devant, je me suis calé dans sa roue pour récupérer rapidement. (...)
Sous l'azur de Courchevel, Richard dressa son bras droit en l'air, l'index pointé vers le ciel, le visage radieux (...) : il s'imposait pour la première fois dans les Alpes."
Fin de citation ! Bruno Roussel, dans son livre Tour de vices fera une toute autre description de cette passe d'arme. Il explique que la victoire d'étape a été achetée 100.000 francs (environ 15.000 euros). Interrogé par ouest-france.fr en 2020, il maintient ses dires alors que Richard Virenque, lui aussi interrogé, continue de nier : « Non, je n’avais pas besoin de ça, je ne me faisais pas de souci au sprint face à lui... ».
Les Festina exclus du Tour de France 1998
Son palmarès
2004 : 1 victoire
2003 : 1 victoire
2002 : 1 victoire
2001 : 1 victoire
2000 : 1 victoire
1999 : 1 victoire
1998 : 1 victoire
1997 : 2 victoires
1996 : 2 victoires
1995 : 2 victoires
1994 : 3 victoires
1993 : 1 victoire
1992 : 0 victoire
1991 : 0 victoire
Qualités physiques
Puissances développées par Richard Virenque, exprimées en «watts» (calculés pour un athlète de 70 kg) :
Réponse à la question "Si vous étiez sûr de gagner le Tour en vous dopant mais sans être pris, le feriez-vous ?" : "Oui" (Tout le monde en parle - 01/06/2002)
2009
A propos des déboires de Patrick Keil, ancien juge d'instruction de l'affaire Festina : "Tout ce que je peux dire, c'est que la roue tourne, elle tourne. (...) Un juge, il a un pouvoir énorme, un juge, s'il est malhonnête, il peut se gaver..." (Europe 1, 04/09/2008)
2010
A propos du contrôle "anormal" d'Alberto Contador sur le Tour de France 2010 : "Je suis certain qu'il va passer un hiver studieux. Qu'il va revenir très fort, plus fort que jamais. Ce n'est pas ce qu'il faut souhaiter à un coureur mais d'un autre côté, on a parfois besoin d'être attisé. J'espère en tout cas qu'il en sortira indemne." (lunion.presse.fr, 20/10/2010)
2012
"Il est clair que j’ai été frappé par le dopage." (sport24.com, 17/07/2012)
A propos d'Alexandre Vinokourov : « On a toujours été adversaires, mais on a toujours eu un respect mutuel. » (cyclismag.com, 08/10/2012)
A propos de Lance Armstrong : "Cela m'a toujours surpris de le voir marcher aussi fort. Mais tous ses contrôles étaient négatifs ! Personnellement, je me doutais qu'il y avait quelque chose. Il était tellement fort, tellement énorme..." (Nice Matin, 23/10/2012, cité par nicematin.com, 23/10/2012)
2014
« Le Tour avance. La lutte contre le dopage est très puissante aujourd’hui. Le fléau est pas mal éradiqué, des nouvelles générations sont arrivées. On peut certainement voir un Tour plus serein, même si les contrôles sont toujours aussi présents. » (programme.tv, 09/07/2014)
2015
A propos de Chris Froome : « Comparer le rythme de pédalage de Froome comme cela a été fait ne veut rien dire. Car il utilise un plateau ovale, différent des autres?! Donc, l’impression visuelle est différente, mais c’est logique. Le pédalage de Froome ne m’impressionne donc pas. Sa vitesse en revanche est impressionnante. » (Le Parisien, 20/7/2015, cité par sports.fr20/07/2015)
2016
A propos d'Antoine Vayer, son entraineur chez Festina : « Avec ta carrière éphémère en tant qu'entraineur, tu n'as pas du avoir le temps de comprendre grand chose. » (Twitter, 19/03/2016)
2018
« Je suis devenu populaire à mon insu. (...) Pour moi, le public a bien compris la supercherie. J’ai porté le bonnet d’âne pour tout le monde. J’aurais peut être dû capituler tout de suite. Rentrer dans un moule. Dire les choses. Mais ce n’était pas dans mon caractère. A l’époque, on était bien content de nous mettre dehors. Il ne faut pas oublier qu’en 1996, je suis 3ème du Tour de France. En 1997, je suis 2ème du Tour. J’arrive donc en 1998 avec une équipe pour gagner le Tour. Et on m’exclut du Tour à cause d’un soigneur qui fait du trafic. J’ai eu la malchance que mon soigneur se fasse arrêter. Aujourd’hui, le temps est passé et moi, je suis toujours là. » (rtbf.be, 09/07/2018)
2020
Richard Virenque, ancien coureur, à propos du maillot de meilleur grimpeur du Tour de France : « Ce maillot, je crois que personne ne l'incarne mieux que moi. Je l'ai gagné sept fois. J'ai une légitimité qui aurait mérité, au moins, qu'on m'accorde un rendez-vous. » (leparisien.fr, 17/09/2020)
Les lapsus du grimpeur
2007
"Je suis pour le dopage !"
2009
A propos de la boisson énergisanteV7 dont il fait la promotion sur le Tour de France : "Je discute et je fais tester mes produits [énergétiques NDLR] et je n'ai que des retours positifs." (L'Eaufficiel de la caravane, cité par cyclismag.com 25/07/2009)
Laurent Jalabert, après que Virenque ait été déclaré "pas bienvenu" sur le Tour de France par ASO : "Je crois qu'il a (...) apporté beaucoup au Tour pour être remercié de la sorte." (L'Equipe 17/06/1999)
Christophe Moreau, ancien équipier : "Richard est une belle image du cyclisme." (Stade 2, 04/07/1999)
Antoine Vayer : « J'ai bien fonctionné un an avec lui mais, ensuite, il n'a plus voulu suivre mes recommandations. » (L'Equipe, 05/07/1999)
2000
Jacques Chirac, le recevant à l'Elysée : "Vous êtes le dépositaire d'un certain panache, un exemple pour les jeunes." (Le Canard enchaîné, 1er novembre 2000)
Frédéric Moncassin, coureur cycliste : « Virenque (...) se foutait de nous parce qu'il montait plus vite que nous. Tant que tout allait bien, rien à dire. C'est la loi. Mais un jour, il y a eu la tuile, l'affaire Festina. Là, on l'a vu chialer comme une gonzesse à la télé. Et il a fait chialer toutes les mamies, tous les supporters. Il s'est fait choper, et s'est débrouillé pour retourner la situation à son avantage. La victime, c'était lui... (...) Il y a des coureurs que je plaignais, que j'avais envie de réconforter. Brochard, Moreau, Rous, Dufaux, sont des mecs bien. Virenque, non, je n'avais vraiment aucune pitié pour lui. C'est à cette époque que je l'ai traité de trou du c... » (ladepeche.fr, 22/10/2000)
2009
Laurent Jalabert : "Après la période de déprime qu'il a traversée, il s'est retrouvé un peu seul et nous avons appris à mieux nous connaître, mieux nous apprécier, en partageant notamment de longues sorties d'entraînement. (...) Il me rendra aussi publiquement un hommage émouvant en affirmant que j'ai été "son frère d'armes." (A chacun son défi, 2009, page 27)
2011
Willy Voet, son ancien soigneur : "Richard Virenque, qui travaille pour Eurosport, ne me parle plus. J’aimerais bien savoir ce qu’il me reproche. Il m’a traité de trafiquant, quel toupet! Quand je pense à tout ce que j’ai fait pour lui, j’ai même joué le cobaye en essayant des produits. J’aurais fait n’importe quoi pour ces gamins. Je n’ai pas de nouvelles de Laurent Dufaux non plus. C’est dommage. (...) Je regrette qu’on ait mélangé les affaires et l’amitié." (lematin.ch, 16/07/2011)
2012
Bradley Wiggins, coureur cycliste : "Un coureur comme Virenque a pu se doper, être suspendu, mais est aussi revenu et est à nouveau un héros national." (The Guardian, 14/07/2012, cité par lalibre.be, 14/07/2012)
2017
Lance Armstrong, apprenant la décision d'ASO de ne pas inviter Jan Ullrich pour le départ de Tour de France à Dusseldorf : « Dérouler le tapis rouge à des gars comme Jalabert, Virenque et Hinault (et beaucoup d'autres) et ne pas inviter Jan ? Pff, Fuck ASO ! » (Twitter, 28/06/2017, cité par lepoint.fr, 28/06/2017)
2018
Willy Voet, son ancien soigneur : « Il me fait la gueule et est ingrat. Il y a quelques années, le Tour est passé à Gap (...), près de chez moi. J’y suis allé. Virenque m’a ignoré. Je n’ai pas insisté mais ce jour-là, j’ai compris sa vraie nature. Il est dur et injuste. Pourtant, quand il a débuté chez RMO, j’étais là. Il était nul et se tenait sur un vélo comme un pêcheur avec sa canne. Il ne savait pas s’entraîner. Moi et d’autres, on lui a appris. Je ne parle pas de dopage mais je dis que je l’ai aidé. (...) » (leparisien.fr, 22/07/2018)
2022
Bernard Hinault, ancien coureur, à propos du classement des 10 plus grans champions français de l'histoire publié par L'Equipe le même jour : « Je pense que [Richard Virenque] méritait [sa place dans les 10 premiers champions français] car ses sept maillots de meilleur grimpeur du Tour ont fait vibrer le public. » (L'Equipe, 01/07/2022)
Sa réaction aux aveux de Bjarne Riis et Erik Zabel (Mai 2007)
Où l'on découvre que Richard Virenque fut le seul à payer lors de l'affaire Festina. Sympa pour ses collègues qui avouèrent rapidement...
Eurosport - 26/05/2007
Vie Privée - Vie Publique - 05/2006
Richard Virenque, personnage des Guignols de l'info
Extraits d'émissions entre 1998 et 2000
En savoir plus
Certains prétendent que le dopage est une forme de vol. De là à penser que Richard Virenque serait responsable des vols commis par ses supporters, il n'y a qu'un pas que "cyclisme-dopage.com" se refuse à franchir. Ne boudons toutefois pas notre plaisir de retrouver une copie volée de l'annuaire du dopage sur le site d'un des supporters de notre illuste ami. Cliquez ici pour admirer l'objet du délit.